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glisse par-dessous pour la soutenir ; de façon cependant que les abeilles ne puissent point sortir par ces ouvertures qu’on fait, non-plus que par la porte de leur habitation, qui doit être grillée : on pratique au-dessus de chaque ruche un trou d’un pouce de diamètre, qui sert de soupirail pour l’évaporation des exhalaisons, & qu’on bouche avec un liège très-poreux, ou avec un gros linge d’un tissu bien serré qu’on colle par-dessus. Aux ruches extrêmement fortes, on pourroit ajouter par le bas une hausse de trois pouces de hauteur seulement, & on seroit dispensé de la tenir soulevée : en aggrandissant leur domicile, les abeilles seront plus au large, & il y aura par conséquent moins de vapeurs dans leur habitation. Les ruches foibles n’ont pas besoin de cette augmentation de logement : les abeilles dont le nombre est peu considérable auroient trop froid s’il étoit plus vaste ; il suffit d’élever leur ruche d’une ligne pour que l’air puisse circuler & se renouveler.

On prescrit de griller l’ouverture des ruches, & de ne les élever que d’une ligne & demie au plus, à cause des souris & des mulots qui profiteroient de l’engourdissement des abeilles pour aller ravager leurs provisions, & les dévorer ensuite elles-mêmes : sans ces dangers, on pourroit se dispenser de mettre le grillage, & il n’y auroit aucun inconvénient de les élever de cinq ou six lignes, ou même d’un pouce.

Le rucher étant bien fermé de tous côtés, n’y ayant point d’ouverture qui donne issue aux vents, on garnit alors tout le tour des ruches, jusqu’au-dessus de leur sommet, de menu foin ou de paille brisée, ou simplement de feuilles qu’on a ramassées sous les arbres, & qui sont bien sèches : on ne doit employer celles de noyer qu’extrêmement sèches ; pour peu qu’elles fussent humides, elles fermenteroient & répandroient une odeur très-forte qui seroit capable de nuire aux abeilles. Afin de retenir le foin, la paille, &c. dont on garnit le rucher, on plante dans la terre quelques piquets à la distance d’un pied & demi les uns des autres, plus près, s’il est nécessaire, & qui s’élèvent à la hauteur des ruches. Si le rucher est étroit, les piquets sont inutiles ; la paille, les feuilles entassées sous les ruches & à côté, sont assez retenues par les murs du rucher : quand il est bien exposé au midi & exactement clos de toutes parts, on peut se dispenser de prendre tous ces soins, principalement quand on a des ruches fortes & bien peuplées.


Section V.

Des soins qu’on doit aux Abeilles pendant l’hiver.


Après avoir arrangé & disposé les ruches, comme il vient d’être dit, il ne faut plus les toucher que vers la fin de Février : de tems en tems on peut les visiter, afin d’examiner si les souris & les mulots ne travaillent point pour tâcher de pénétrer dans l’habitation des abeilles ; & on a l’attention de laisser près des ruches quelque appât ou des souricières pour prendre ces animaux. Comme on jouit de la facilité de visiter les ruches quand on