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recueillir un essaim quand il n’est pas placé à une hauteur trop considérable : lorsqu’une personne peut tenir la ruche par-dessus l’essaim sans secouer la branche où il s’est fixé, les abeilles y vont d’elles-mêmes, dès qu’elles apperçoivent le logement qu’on leur offre, & qu’un peu de fumée les oblige à quitter l’endroit qu’elles avoient choisi. S’il est fort élevé, on lui présente la ruche par-dessous en tournant l’ouverture de son côté, & les abeilles tombent dedans par pelotons en secouant un peu la branche ; & quand elles ont de la peine à se détacher, on prend un petit balai avec lequel on les pousse doucement dans la ruche. Quoiqu’il y en ait quelques-unes qui tombent à terre ou qui partent, il ne faut point s’en inquiéter ; pourvu que le gros de la colonie prenne possession de son domicile, & que la reine y soit, voilà l’essentiel ; les autres viendront peu-à-peu les rejoindre.

Rarement un essaim se pose à terre sur le gazon ; quand cela arrive, il est très-aisé de le ramasser : il suffit alors de le couvrir avec la ruche, qu’on place sur deux bâtons étendus à terre, afin de ne point écraser d’abeilles. S’il s’étoit réfugié dans une forte haie, il faudroit poser la ruche par-dessus, & obliger les abeilles à y entrer en les poussant avec un petit balai, & avoir recours à la fumée, si elles s’obstinoient à vouloir rester. Un essaim se place toujours selon son caprice ; il n’examine pas si la position qu’il prend sera avantageuse ou non pour celui qui veut le recueillir : quelquefois il va se fixer au sommet d’un arbre très-élevé, & sur de très-petites branches, contre lesquelles il seroit dangereux d’appuyer une échelle pour aller jusqu’à lui ; d’autres fois il entrera dans le tronc d’un arbre fort creusé, ou dans le trou d’un mur très-élevé. Lorsqu’il est placé sur une branche d’arbre, contre laquelle on ne peut point appuyer une échelle, il faut la couper & la descendre très-doucement : si on craignoit de dégrader un arbre qu’on a intention de conserver, on peut avoir recours alors à ces bascules que tout le monde connoît ; (Fig. 15, Pl. 1) elles sont ordinairement en fer, & la ruche y entre, & y est fixée d’une manière assez solide : au moyen d’une grande perche qu’on met au bout, on l’éleve à la hauteur qu’on desire ; & tandis qu’une personne tient la ruche qui est dans la bascule élevée, une autre, montée sur une échelle, avec un petit balai au bout d’un long bâton, secoue légérement les abeilles pour les faire tomber dans la ruche.

Lorsqu’un essaim va s’établir dans le creux d’un arbre, ou dans le trou d’un mur, il faut le veiller jusqu’au moment où le soleil a quitté l’horison, afin de le suivre s’il venoit à s’envoler, & n’approcher de sa retraite qu’à l’entrée de la nuit : alors les abeilles seront plus traitables ; l’on pourra par conséquent les attaquer sans danger dans leur asyle, & les enlever, sans éprouver de leur part beaucoup de résistance. Tandis qu’une personne monte sur une échelle pour arriver à l’endroit où la nouvelle colonie s’est logée, une autre tient la ruche au bas, de façon qu’elle soit à portée de celle qui est en haut pour ramasser l’es-