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nous désignerons sous le nom d’espèce jardinière. Au mot Espèce, on examinera comment elle se perfectionne ou dégénère. La culture a donné à l’abricotier une nouvelle manière d’être, que l’on appelle plus perfectionnée, parce qu’elle est plus conforme à nos besoins : enfin, les soins assidus du cultivateur ont multiplié les variétés. Souvent la nature elle seule les a produites par l’union de la poussière fécondante de la fleur d’une espèce avec la partie femelle de la fleur d’une autre espèce. De ce mélange, il en est résulté une variété hibride ou adultérine, c’est-à-dire, qui tient des deux individus ; comme de l’union d’un homme blanc avec une négresse, il en provient un individu qui n’est complettement ni blanc ni noir, mais qui tient de tous les deux. Nous en citerons plusieurs exemples en décrivant les espèces d’abricots cultivés dans les jardins.

Avant de passer à ces descriptions, il est essentiel de prévenir, pour éviter la confusion, que nous parlerons le langage des jardiniers & des cultivateurs, & non pas celui du botaniste. Ainsi l’abricotier sera considéré comme un genre, & ses variétés permanentes comme des espèces. Cette manière de présenter les objets est plus à la portée des lecteurs.


Description du Genre.


Tournefort, le restaurateur de la botanique en France, place l’abricotier dans la classe des arbres à fleurs en rose, & il en fait un genre sous la dénomination d’armeniaca fructu majori. Le Chevalier Von Linné, le patriarche de l’histoire naturelle du nord, le confond dans le genre du prunier, & en fait une espèce. Il l’appelle prunus armeniaca, & le place dans la classe de l’icosandrie monogynie, c’est-à-dire, fleur à vingt mâles portés sur le calice, & une femelle[1]. Il est inutile de discuter ici si l’abricotier dérive du prunier, ou si c’est un être à part ; ce seroit s’écarter du plan proposé dans cet Ouvrage, qui doit être plutôt un livre classique qu’un livre de botanique. Cependant nous emprunterons de cette science ses descriptions, ses observations, & tout ce qui tend à la pratique. Elle a un langage particulier, clair, précis, caractéristique, un peu sec, il est vrai ; & la clarté de son laconisme vaut mieux que les périphrases, parce que chaque mot présente une idée. Pour bien entendre les mots techniques, cherchez-en l’explication dans ce Dictionnaire, chacun à leur article.

Fleur en rose, à cinq pétales, & plus souvent à six, obronds, concaves, attachés au calice par leur onglet. Le calice est d’une seule pièce en forme de cloche, coriace ; son sommet est divisé en cinq parties obtuses & concaves. La base du calice est ordinairement recouverte

  1. Si vous desirez vous instruire plus que le commun des cultivateurs, & voir en grand le magnifique tableau de la nature, il faut avoir une idée des systêmes botaniques. On n’a pas encore découvert l’enchaînement complet, & tous les rapports que les plantes ont entr’elles. Cependant, à force de travail & d’observations, on reconnoît aujourd’hui plusieurs familles naturelles de plantes, mais on est bien éloigné de pouvoir toutes les classer. Le créateur de l’univers est le seul qui ait la clef de son systême. Consultez le mot Botanique.