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en grand nombre, & aujourd’hui on en connoît bien peu de celles qu’ils cultivoient.

Des Oliviers. Columelle en compte dix espèces, la pausia, l’algia, liciniana, sergia, nævia, culminiana, orchis, regia, circites, murcea ; & Pline rapporte que du tems de Tarquin l’ancien, l’olivier n’étoit pas connu en Italie. Les romains exportaient l’huile d’olive dans toutes les provinces de leur empire, & sa qualité la faisoit regarder comme l’huile la plus délicieuse. Aujourd’hui presque toute l’huile d’Italie a un goût âcre, puant & détestable. Ce tableau abrégé des cultures romaines sera plus détaillé dans la suite de cet ouvrage. Consultez les mots propres.


TROISIÈME PARTIE.

Vues générales sur l’Agriculture du Royaume de France.

Plusieurs circonstances ont concouru à établir les différentes méthodes d’agriculture usitées dans les provinces de ce royaume : les unes sont morales ; & les autres physiques.


CHAPITRE PREMIER.

Des circonstances morales.

Elles reconnoissent pour principes les différens gouvernemens & les souverainetés établis autrefois dans les provinces qui composent actuellement le royaume de France. La Provence a eu ses comtes ; le Dauphiné, ses dauphins ; la Bourgogne & la Franche-Comté, ses ducs & ses comtes ; la Champagne, ses comtes ; la Normandie & l’Anjou, ses ducs ; la Gascogne & le Languedoc, ses comtes ; la Navarre, ses rois, &c. L’agriculture de ces états s’est ressentie des différens régimes par lesquels ils étoient gouvernés ; plus le régime a été fiscal, & par conséquent prohibitif, moins l’agriculture a été florissante.

Pour avoir une juste filiation des méthodes de ces petits états, il faudroit remonter à des tems plus reculés, & considérer par quelles nations ces provinces ont été peuplées & successivement conquises. On verra les phocéens établir, dans les environs de Marseille, leurs méthodes & leurs usages ; les grecs, les phéniciens, à Agde, à Narbonne, &c. les romains, dans presque tout le royaume ; & les peuples du nord, qui se répandirent comme des torrens, dans toutes les provinces septentrionales de France. Les mots techniques, conservés dans les patois de ces différens lieux, annoncent encore l’idiome original d’où ils sont dérivés : les caractères des différens peuples ont singuliérement influé sur l’agriculture.

Il est inutile de s’occuper plus long-tems de ces recherches : elles serviroient plus à l’histoire qu’à la pratique de l’agriculture & à sa perfection. Les circonstances ne sont plus les mêmes aujourd’hui : les sols ont changé par les alluvions ; les grands abris se sont abaissés en partie ; les étangs ont été desséchés ; les forêts qui couvroient presque tout le sol du royaume, ont été abattues, &c. Le terrain de la France actuelle ressemble bien peu à celui que nos ancêtres cultivoient paisiblement, lorsque les romains les assujettirent à leur domination ; il n’en reste plus que la masse. Le degré de chaleur ou