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ils sont arrondis, & deviennent aigus en s’approchant des mâchoires où ils se terminent ; leurs trois yeux lisses sont placés sur le devant de la tête ; leurs antennes, semblables à celles des ouvrières, ont une articulation de plus à la partie antérieure. Leurs dents qui ne sont point aiguës, sont si petites, qu’elles sont presque couvertes par les poils des environs ; leur trompe est fort courte, & ne peut que difficilement laper le miel épanché dans le calice des fleurs : leurs ailes sont grandes, elles accompagnent le corps dans toute sa longueur. Au lieu de palette triangulaire, on ne remarque qu’une brosse à la troisième paire de jambes, qui n’est point propre à retenir les grains de la poussière des étamines des fleurs : ils se servent de cette brosse pour nettoyer le dessus de leur corcelet qui est très-fourni de poils. Ils ne sont point armés de cet aiguillon terrible qui rend les abeilles si redoutables.

Il y a une autre espèce de faux-bourdons, beaucoup plus petite que celle dont on vient de parler. M. de Réaumur & Jean de Braw, observateur anglois, l’ont très-bien connue, & l’ont distinguée des abeilles ouvrières avec lesquelles il est aisé de confondre les faux-bourdons de cette petite espèce, à cause de leur petitesse : leur conformation extérieure & leur organisation sont les mêmes que celles des autres de la grosse espèce. La petitesse de leur taille les a fait confondre par bien des naturalistes, avec les abeilles ouvrières ; ce qui a donné lieu à des erreurs considérables, touchant la génération de ces insectes.


Section II.

Du sexe des Faux-Bourdons.


Quelques philosophes naturalistes ont accordé aux faux-bourdons le sexe masculin, d’autres le féminin, & d’autres enfin, tels que Pline, qui les nomme des abeilles imparfaites, les ont privé des deux sexes. Swammerdam, plus équitable, après s’être assuré de la vérité de leur sexe par des observations exactes, leur a rendu, dans la république des abeilles, l’état que leur avoit ravi l’injustice la plus grossière. Il a trouvé dans le corps des faux-bourdons, tous les organes de la génération qui caractérisent & constituent le sexe des mâles : il est aisé de les appercevoir, quand on ouvre leur corps avec adresse ; ils sont très-considérables, & occupent presque toute la capacité du ventre. Les deux testicules sont placés dans la partie la plus élevée du ventre à la région lombaire ; les vaisseaux déférens, très-fins & très-déliés, tiennent aux testicules par un de leurs bouts ; la liqueur séminale qui paroît à travers, leur donne une couleur blanchâtre : ces vaisseaux déférens aboutissent aux vésicules séminales, à l’endroit où est la racine du pénis ; un peu au-dessus de leur origine, ils se dilatent si considérablement, qu’on les prendroit pour les testicules, si on ignoroit où est leur vraie position. Les vésicules séminales sont d’une capacité très-grande, eu égard à la petitesse de l’animal ; elles sont très-blanches & fort pleines de liqueur séminale ; leurs fibres musculeuses sont capables de se contracter pour l’éjaculation de la semence. On apperçoit à la racine