Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/293

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par Tarbes, s’abaisse à Mirande, se propage près de Condom, en le laissant sur la droite, côtoie le midi du Bazadois, redescend au midi par le Mont-de-Marsan, par Dax ; enfin, se termine à Bayonne, (où se jette l’Adour) pour recommencer du côté opposé, afin d’aller regagner les Pyrénées par Saint-Palais, Saint-Jean-pied-de-Port, &c. S’il étoit possible que ce pays montueux fût traversé par de grandes routes, il seroit moins pauvre. Les produits de ses vallons auroient des débouchés assurés par Bayonne. Beaucoup de pâturages où l’on engraisse des troupeaux en tous genres ; de belles forêts inutiles, puisqu’on les exploiteroit en vain ; des vins délicieux : voilà en général les produits de ce bassin. Les chevaux tiennent de la race espagnole ; ils sont bien faits, & cette branche de commerce est assez lucrative.

4o. Du Bassin des Landes de Bordeaux. À l’ouest, la mer baigne ce bassin depuis la tour du Cordouan jusqu’à Bayonne ; à l’est, les montagnes du bassin de la Navarre ; & de l’est au nord, la chaîne des dunes qui couvrent Albret, & se propagent à la tour du Cordouan. Tout ce bassin est visiblement un dépôt de la mer ; tantôt le terrain se trouve composé d’un sable pur & quelquefois mouvant, ce qui forme & a formé les dunes ; tantôt, c’est une couche d’argile impénétrable à l’eau, ou une couche de matière ferrugineuse aglutinée avec le sable, & qui se laisse difficilement pénétrer par les racines des plantes à cause de sa trop grande compacité : cependant, si on expose à l’air cet alios, ces molécules & ces graviers se désunissent peu à peu. Il n’est pas surprenant qu’un tel pays soit peu productif ; il pourroit le devenir si on rendoit l’air plus salubre, en desséchant les relaissées d’eau qui se corrompent pendant l’été, & en profitant de ces eaux pour en remplir des canaux : alors les productions auroient un débouché facile, ou du côté de Dax & de Bayonne, ou du côté opposé par Bordeaux. À l’article Défrichement & Lande, on entrera dans des détails sur ce sujet.

Le Médoc forme la partie septentrionale de ce bassin. La suite des côteaux & des vallons du haut Médoc, donne de bons abris, & est surchargée de vignes dont le vin a de la réputation ; sa qualité dépend autant du terrain sabloneux, dans lequel la vigne est plantée, que de son exposition. Les vins du Bas-Médoc n’ont point cette délicatesse ; mais, en revanche, le terroir offre des cultures en bled, de belles prairies, des bois, &c. plus on s’approche du midi, plus les landes se multiplient, ainsi que les dunes : les pins maritimes, ou pinadas, y sont en grand nombre, & c’est le seul produit qu’on en obtienne, soit en tirant la résine de ces pins, soit en les réduisant ensuite en charbon. La résine du Marensin est toujours d’un prix plus haut que la première qualité de celle de Suède : année commune, les landes plantées en pins maritimes, fournissent à Bordeaux à peu près huit mille charrettes chargées de résine, & plus de quatre mille charrettes de charbon. La difficulté des chemins empêche que les charrettes ne soient chargées comme elles le devroient