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découvrent mieux & de plus loin. Le contraire arrive dans les climats où une évaporation forte & continuelle remplit l’air de vapeurs épaisses & grossières.

§. II. De la pesanteur de l’Air, de ses effets dans le jeu des pompes, des ventouses ; de l’action de teter des enfans, & de sa pression sur le règne animal & végétal.

La pression que la fluidité permet à l’air d’exercer dans tous les sens, dépend primitivement de sa pesanteur. Cette qualité, bien reconnue par Aristote, & enseignée dans son école, fut oubliée ou méconnue jusqu’au siècle de Médicis, grand duc de Toscane, où Toricelli, disciple de Galilée, démontra que l’ascension de l’eau dans un tuyau de pompe de trente-deux pieds, & la suspension du mercure dans un tube de verre à la hauteur de vingt-huit à vingt-neuf pouces, étoient dues à la pesanteur de l’air. Depuis ce tems on a même été jusqu’à peser ce fluide comparativement avec l’eau ; & l’on a trouvé que dans une température moyenne, la proportion de la pesanteur de l’air à celle de l’eau, étoit environ de 1 à 800. Quantité d’expériences très-ingénieuses, & qui sont du ressort direct de la physique, prouvent la pesanteur de l’air ; mais aucunes ne démontrent que l’air pur, élémentaire soit pesant, indépendamment des vapeurs, des exhalaisons & des parties hétérogènes qui nagent dans son sein, & qui constituent l’atmosphère. Ce n’est pas que nous pensions qu’il ne le soit pas ; mais seulement il est bon de remarquer que jusqu’à présent c’est plutôt sur l’air considéré comme atmosphère, que comme élément, que l’on a raisonné. Aussi n’est-il pas étonnant que les calculs & les observations des savans qui se sont occupés de cet objet aient tant varié ? Il nous suffit de reconnoître cette pesanteur, quelle qu’elle soit, de l’air principe, & d’en suivre les effets dans la physique, la méchanique & les économies animale & végétale. C’est vers ces points essentiels que le philosophe doit, à la campagne, diriger toutes ses connoissances.

L’air une fois reconnu fluide & pesant, les loix de sa pression & de sa gravitation seront les mêmes que celles des autres fluides ; ainsi il pèsera en toutes sortes de sens, de bas en haut, latéralement, de haut en bas ; & sa pression sera toujours proportionnelle à sa hauteur perpendiculaire & à sa base. Ainsi plus la colonne d’air sera haute, plus elle sera pesante, & vice versâ. De là vient que la colonne de mercure dans le baromètre diminue de hauteur à mesure qu’on le porte dans un lieu plus élevé, & qu’elle varie dans son élévation suivant les variations de l’atmosphère. (Voyez Baromètre)

Le jeu des pompes est uniquement dû à la pesanteur de l’air. On le concevra facilement en suivant l’opération d’une seringue, dont le bec est plongé dans l’eau, qui représente une vraie pompe aspirante, & qui peut faire entendre suffisamment le méchanisme des pompes aspirantes & foulantes en même tems. La seringue plongée par le bec dans l’eau, le piston enfoncé, l’eau ne peut y pénétrer. Mais vient-on à retirer le piston, il se fait aussitôt