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Le premier & le second alambic, ne peuvent être comparés au troisième. L’expérience prouve que plusieurs ouvertures ou becs, pratiqués dans un chapiteau, se nuisent mutuellement, & que le courant des vapeurs passe irrégulièrement, tantôt plus ou moins par un bec que par un autre ; enfin, que les uns fournissent constamment beaucoup, & les autres donnent très-peu.

Le troisième seroit le moins défectueux. D’après les proportions données par M. Baumé, on en a construit un semblable ; mais, soit défaut dans la construction, soit à cause des quatre becs, il n’a pas répondu à l’attente ; enfin, on en a abandonné l’usage.

Une pièce assez inutile dans ces trois alambics, est la gouttière indiquée pour l’intérieur des trois chapiteaux. Les vapeurs ne se condensent point dans les chapiteaux de la forme prescrite ; il suffit, lorsque la chaudière est en train, de porter la main sur un chapiteau, & on se convaincra facilement, en le touchant, que la chaleur du cuivre est trop forte pour permettre la condensation : on ne tiendroit pas la main sur ce chapiteau pendant une seconde. Si le chapiteau étoit recouvert par un réfrigérant, la gouttière seroit utile & même nécessaire. La fraîcheur de l’eau, ou l’inégalité marquée de chaleur de l’eau & du cuivre, fait condenser la vapeur, la réduit en eau, & cette eau coule dans le serpentin. Dans les trois premiers, la vapeur ne se condense que dans le serpentin.

Quoique l’évaporation ne s’exécute que sur la surface de la liqueur, cependant ce n’est pas le plus ou moins grand nombre d’ouvertures pratiquées sur la platine des deux premiers chapiteaux, présentés par M. Baumé, qui favorise spécialement l’élévation des vapeurs, puisque dans les chaudières ordinaires, la vapeur monte très-bien dans le chapiteau. Elle y monteroit mieux, il est vrai, si le collet étoit plus large, & surtout si le bec du chapiteau étoit presque aussi large que lui. Ce seroit encore mieux, comme nous l’avons déjà fait observer, si l’ouverture supérieure avoit la même ouverture que le bec, & si cette largeur alloit toujours en diminuant dans la pipe, proportion gardée, avec le nombre des spirales, parce que c’est dans la pipe & non dans le chapiteau que s’exécute véritablement la condensation des vapeurs par le secours de l’eau.

Il faut revenir, en partie, à la forme ordinaire des alambics, donner à la cucurbite plus de largeur, moins de profondeur, élargir le collet, le bec du serpentin, & son diamètre dans la partie plongée dans la pipe. À cet effet, on doit donner plus de hauteur à la pipe, & tenir les spirales en raison de cette hauteur.

L’alambic de M. Baumé suppose un fourneau convenable, soit pour le chauffer au bois, soit avec le charbon de terre. Voici les proportions qu’il donne à ce fourneau.



Du fourneau au bois. (Voyez Pl. 10.) La fig. 1 représente le plan intérieur jusqu’au dessus de la porte du fourneau, avec les barres de fer qui doivent supporter la chaudière. La fig. 2 représente l’intérieur de la partie supérieure du fourneau.