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de sorte que l’angle saillant que forment ces deux trapèzes réunis par leurs plus grands côtés, se trouve reçu dans l’angle rentrant qui est formé par deux rhombes de la base, dont chacun fournit un côté. Chaque angle rentrant de la base reçoit donc l’angle saillant que forment deux trapèzes lorsqu’ils sont unis par leurs plus grands côtés.

Quoiqu’on se soit servi des termes de rhombes, de trapèzes, de lames, &c. pour expliquer de quelle manière les alvéoles sont construits, ce n’est pas à dire qu’ils soient composés de pièces rapportées comme le seroit une boîte en bois de même figure ; ils sont construits avec une matière continue, telle que de la pâte ou de la colle : cela est si vrai, qu’il est impossible de désassembler toutes les pièces dont un alvéole paroît construit sans les briser ou les couper.

Les alvéoles des faux-bourdons ne diffèrent de ceux des abeilles ouvrières que par leur grandeur : étant plus gros que les ouvrières, il leur falloit par conséquent des cellules d’une plus grande capacité. M. de Réaumur, qui a toujours mis toute la précision & toute l’exactitude qu’on peut desirer, dans ses expériences & ses observations, a trouvé que le diamètre d’une cellule d’ouvrière étoit constamment de deux lignes & deux cinquièmes ; leur longueur, quoique moins constante que le diamètre, de cinq lignes & demie. Le diamètre des cellules des faux-bourdons, à peu près de trois lignes un tiers ; leur longueur de huit lignes, & quelquefois plus : on en trouve de moins profondes, ce qui est assez rare. Swammerdam avoit donné les mêmes mesures.


Section IV.

Motif de la Figure exagone que suivent les Abeilles dans la construction des Alvéoles.


Quand on considère dans ces gâteaux construits par les abeilles, la symétrie, la régularité qui règnent dans l’arrangement des cellules dont ils sont composés, la délicatesse, la solidité qui résultent de la forme exagone qu’elles leur donnent, on seroit tenté de croire que c’est l’ouvrage d’un artiste intelligent & adroit, plutôt que celui d’une mouche ; que la géométrie la plus sublime, après en avoir donné le plan, a présidé à l’exécution. Les abeilles seules sont cependant tout à la fois les géomètres, les architectes qui dessinent & bâtissent ces édifices admirables, sans d’autre secours que leur industrie naturelle, avec la seule cire qu’elles ramassent dans le calice des fleurs, qu’elles préparent elles-mêmes, & qu’elles emploient avec la plus grande économie dans un espace très-limité, où il faut bâtir vingt-cinq ou trente mille cellules, quelquefois plus, & n’y employer que très-peu de matière, parce qu’elle donne beaucoup de peine à recueillir, à préparer, & que souvent elle peut être très-rare : dans de pareilles circonstances il faut bien user d’une grande économie, sans cependant qu’elle porte préjudice à la beauté & à la solidité des édifices.

Pour ménager le terrain qui est si borné, la matière, dont la récolte & la préparation sont si pénibles,