Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/455

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lorsque le premier est à peine ébauché ; ayant plusieurs ouvrages à conduire en même tems, un plus grand nombre peut y travailler : c’est alors qu’on juge de leur activité, par l’ardeur avec laquelle toutes se portent à l’ouvrage. Quand elles sont fortement occupées, que la reine presse les travaux, à cause de la ponte qu’elle doit faire incessamment, on croiroit que tout est dans le trouble & la confusion parmi les ouvrières. Les unes prolongent les pans d’un alvéole, ou commencent à les attacher à leur base ; d’autres viennent profiter d’un moment où l’ouvrage encore tout frais est susceptible de recevoir le premier poli, tandis que d’autres sur le côté opposé du même gâteau, profitent des bases déjà construites pour y appuyer le corps d’une autre cellule.

Qu’on ne se flatte pas de pouvoir considérer les abeilles à son aise, dans ces instants où elles sont fort occupées ! Ce n’est que quand l’ouvrage est bien avancé qu’on peut, avec de la patience, observer dans des ruches vitrées comment elles conduisent leurs travaux : le plus grand nombre se trouve alors à la provision ; il n’en reste que très-peu pour donner la dernière main à l’ouvrage, & ce peu permet d’observer avec quel art ces insectes bâtissent leurs cellules. Swammerdam, après tant de découvertes sur l’histoire naturelle des abeilles, avoue ingénument qu’il ignore comment elles parviennent à élever leurs édifices ; il dit seulement qu’il est persuadé que leurs dents sont le principal instrument dont elles se servent.

La cire que les abeilles font sortir de leur second estomac, est la matière qu’elles emploient dans la construction de leurs édifices ; leur langue & leurs dents, sont les instrumens qui mettent en usage cette matière, que l’estomac, après l’avoir préparée, renvoie à la bouche : toute autre cire, même celle de leurs gâteaux, ne pourroit point servir : qu’on leur en donne de la vieille, elles n’y toucheront pas : si on leur offre des rayons d’une autre ruche, elles les briseront avec les dents pour sucer le miel qui s’y trouve, & laisseront les fragmens sans les employer.

Pour concevoir la manière dont les abeilles bâtissent leurs cellules, il faut se rappeler ce qui a été dit de leur figure exagone ; que la base d’une cellule étoit composée de trois rhombes réunis qui formoient une base pyramidale à six côtés. C’est par un des rhombes que les abeilles commencent l’édifice ; lorsqu’il est placé, elles attachent sur deux de ses côtés qui forment un angle saillant de la cavité pyramidale, deux pans ou trapèzes du tuyau exagone qu’elles ne prolongent que très-peu, afin qu’il soit plus en état de les porter quand elles travaillent, sans le briser ; ce qui arriveroit s’il étoit plus long. Elles placent ensuite le second rhombe, en lui donnant, sur le premier, l’inclinaison qu’il doit avoir pour que la base pyramidale puisse être fermée par le troisième, en lui donnant les mêmes proportions qu’aux deux autres : elles attachent encore sur les deux côtés de ce rhombe qui forment l’angle saillant de la base pyramidale, deux autres pans du tuyau exagone ; enfin, elles ajou-