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pour être mêlée avec une égale quantité de sable de mer ou de rivière, & l’autre tiers est du fumier consommé. Le tout est criblé séparément, ensuite bien mêlé ensemble. Ils font avec ce mélange, une couche d’environ deux pieds d’épaisseur, & elle s’élève de quatre ou cinq pouces au dessus des planches voisines, si le terrain est sec ; & s’il est humide, cette couche doit s’élever de huit à neuf pouces au dessus du sol. Ils plantent leurs oignons dans cette couche, au mois de Juin, & à huit pouces de distance en tout sens. Quand les gelées commencent, la planche est couverte ou avec des châssis de verre, ou avec des paillassons, ou enfin avec la litière sèche. Dès que le printems est venu, tous les abris sont enlevés. La planche doit être sarclée rigoureusement, & piochetée de tems en tems. On répand chaque fois un peu de terre neuve pour l’amender. Les oignons restent en terre autant d’années qu’il en faut pour les mettre à fleur ; alors on les transplante dans des pots, si on ne veut pas les laisser fleurir dans le même endroit. Aucune plante de nos jardins, & même la plus belle, ne peut avoir la préférence sur celle-ci.


Amaryllis, (la très-belle) ou Lis de Saint-Jacques. Amaryllis formosissima. Lin. Sa tige est haute d’un pied ; lorsqu’il se trouve plusieurs fleurs sur la même, elles sont toutes du même côté, & le cas est rare. Ses feuilles sont larges, épaisses, d’un verd noir, semblables à celles du narcisse commun, ce qui l’a fait appeler lilio-narcissus par Dillenius. Chaque spath ne renferme qu’une fleur. Les pétales de la fleur sont inégaux, larges, d’un rouge pourpre très-foncé, très-nourri, & pour ainsi dire glacé sur un fond d’or. Les étamines, le pistil, & trois pétales, sont penchés presque perpendiculairement du même côté. Les nectaires de cette fleur sont presque en aussi grand nombre que les filamens ; ils naissent de la corolle, & sont étroitement unis à la base des filamens d’où ils partent.

Quoique cette plante naisse au Mexique & dans toutes les îles qui se trouvent entre les deux tropiques, elle exige l’orangerie seulement pendant l’hiver dans nos provinces du nord, & elle passe facilement l’hiver en pleine terre dans celles du midi, pour peu qu’on la recouvre avec de la paille menue, & qu’elle soit abritée des vents froids. M. le chevalier Von Linné dit qu’elle a commencé à être connue en Europe en 1593.

Ce lis de Saint-Jacques, ou cette très-belle amaryllis, fleurit deux ou trois fois dans l’année, lorsque la bulbe principale est accompagnée de cayeux de la seconde ou de la troisième année, & elle fleurit depuis Mars jusqu’en Octobre. Si on veut la voir fleurir sous le climat de Paris, il faut la tenir pendant l’hiver dans une serre passablement chaude, ou dans une bonne orangerie ; le vrai tems pour séparer les cayeux est le mois d’Août.

Nous ne parlerons pas de quelques autres espèces d’amaryllis, parce qu’elles exigent décidément la serre chaude. Dès-lors elles ne sont plus l’objet de l’amusement du simple cultivateur ou fleuriste.