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couleur verte qui est sa couleur naturelle, & la consistance de sa tige suivra l’intensité de sa couleur. Il en est ainsi des arbres forestiers : s’ils sont trop éloignés les uns des autres, ils se garniront de grosses & longues branches, & alors les troncs seront courts ; s’ils sont plus rapprochés, les tiges s’alongeront, les branches inférieures périront d’elles-mêmes, parce que les supérieures leur absorbent l’air & la lumière. Voilà la véritable raison pour laquelle les forêts dont le sol leur convient, donnent des chênes, des sapins de cinquante à quatre-vingts pieds de quille. En général, leur tronc sera moins gros que celui des arbres isolés ; mais ne gagne-t-on pas par leur longueur, & bien au delà, ce qu’on perd sur la grosseur ? D’ailleurs, il y a une proportion pour tout : une forêt plantée trop serrée, demande à être éclaircie, & il est impossible de fixer au juste le nombre d’arbres forestiers qui doivent exister sur un arpent. La règle tient à la nature du sol, à son exposition, au climat ; & souvent dans le même pays, à une lieue près, une forêt souffre des gelées ou des effets des météores, tandis qu’une autre n’en souffre pas : cela tient aux abris, aux directions des montagnes, aux coups de vents, &c. Le sol doit dicter la loi. Ces objets seront traités plus au long à l’article Forêt.


AMENDER, AMENDEMENT. C’est donner à la terre un degré de perfection de plus pour augmenter ses produits.

Tous les corps, dans la nature, servent mutuellement à s’amender les uns & les autres par leur union & par leurs mélanges, lorsqu’ils sont dans une proportion convenable. Il y a deux sortes d’amendemens, les naturels & les artificiels.

CHAP. I. Des Amendemens naturels.
CHAP. II. Des Amendemens artificiels.


CHAPITRE PREMIER.

Des Amendemens naturels.


J’appelle amendemens naturels, les effets du soleil, de l’air, de la pluie & des gelées ; enfin, de tous les météores.

On dit vulgairement : Le soleil cuit la terre pendant les grandes chaleurs. Ce proverbe présente un sens vague, & qui ne signifie rien. Il seroit plus exact de dire : Le soleil fait fermenter les différentes substances renfermées dans le sein de la terre. La fermentation de ces substances accélère leur décomposition, & par le mélange & par l’union des parties décomposées, il en résulte de nouvelles combinaisons, des produits nouveaux qui participent de tous les principes. C’est par le mélange de ces principes, que ces produits sont rendus miscibles à la terre, & par la suite aux plantes qu’on lui confie, parce que ces produits sont mélangés dans les proportions convenables. Une comparaison va rendre plus sensible ce que je viens de dire.

Si vous jetez de l’huile sur de l’eau pure, vous aurez beau agiter ensemble ces deux substances autant de tems que vous le voudrez, elles ne se mêleront point. Après un léger repos, elles reprendront chacune leurs droits ; l’huile, comme