Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/534

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individu tend par son cours & par sa figure à former dans le bois des fibres dont la direction sera perpendiculaire, ou en spirale, &c. il est constant que la spirale ne se mariera pas avec la perpendiculaire, & ainsi tour à tour. Si l’arbre qu’on veut greffer a des conduits séveux, larges & abondans, & que ceux de l’écusson de l’espèce qu’on veut lui donner à nourrir, soient au contraire très-étroits, très-resserrés, il est constant que l’écusson prendra mal parce qu’il sera noyé par une trop grande abondance de séve, qu’il ne pourra consommer par sa végétation, & ainsi tour à tour. Dès-lors on ne doit point être surpris si le noyer ne prend pas sur le saule, l’olivier sur l’amandier, le peuplier sur le pommier, &c. Mais si, contre toute apparence, quelques-uns de ces écussons végètent pendant la première année, ils résistent complettement à la seconde. Une autre raison qui rend l’analogie nécessaire, c’est le concours des séves. L’amandier végète & fleurit même dans l’hiver, si le froid ne modère son impatience naturelle ; le mûrier & le noyer, au contraire, plus prudens, attendent tranquillement le retour de la chaleur. Supposons actuellement qu’il y eût de l’analogie entre les fibres ligneuses de ces arbres, cette analogie partielle ne suffiroit pas. La chaleur de l’air ambiant suffira pour faire pousser la portion de l’amandier greffé sur le mûrier ; mais qui nourrira & entretiendra sa végétation jusqu’au moment où les principes séveux commenceront à s’élever des racines du mûrier à ses branches ? Sera-ce l’air ambiant, l’humidité de l’atmosphère ? ils y concourront, & n’y suffiront pas. Tous les végétaux suivent la loi expresse que le créateur a assignée à chacun d’eux séparément, & toutes fois que l’homme s’en écarte, il en est puni par la perte de l’arbre.

L’analogie doit encore s’étendre sur la nature du terrain auquel on confie la semence. Le riz semé, & le saule, le peuplier, &c. plantés sur des roches, ou dans un terrain sec, périront ; tandis que si le roc est calcaire, si ses couches sont susceptibles de divisions, l’abricotier y donnera des fruits délicieux, & le mûrier y fera des progrès rapides. Le cultivateur attentif & prudent ne tentera donc jamais aucune opération sans avoir étudié & vérifié auparavant, si l’analogie concourt avec ses idées.


ANANAS. M. Tournefort en fait mention dans l’appendice de ses Institutions de Botanique, & il le désigne par cette phrase : Ananas aculeatus fructu ovato carne albido, & M. le chevalier Von Linné le classe dans l’Hexandrie monogynie, & l’appelle Bromelia Ananas. (Voyez son fruit & sa couronne, représentés Planche 14.)


Description du Genre

Fleur. Le calice est composé de trois folioles membraneuses, terminées en pointe, & elles se réunissent à la base de la corolle : celle-ci est portée sur l’ovaire, & composée de trois pétales égaux, ovales, droits, plus longs que le calice, et terminé en pointe : à la base de chaque pétale est un nectaire. Les étamines sont au nombre