Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/538

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n’est pas assez forte pour cette plante, les vases ne doivent jamais sortir de dessus les couches & des serres, sinon lorsqu’il faut faire des couches nouvelles.

De l’œilleton ou drageon. L’œilleton est une production nouvelle de la plante qui perce à sa base ou collet, & quelquefois de la partie qui se trouve enterrée. Tous les vieux pieds en fournissent un plus ou moins grand nombre : on doit les détacher du tronc, & l’endommager le moins qu’on le pourra. Ces drageons seront mis sur les tablettes de la serre chaude, ou dans un lieu sec & chaud, & ils y resteront jusqu’à ce que la base du drageon se soit desséchée & devenue ferme & coriace. À cette époque, la jeune plante peut être confiée à la terre ; & sans cette précaution elle périroit infailliblement par l’effet de la pourriture qui gagneroit jusqu’à son sommet. Le tems d’œilletonner est au mois d’Avril.

De la couronne G, (Planche 14.) C’est l’assemblage de feuilles qui, rassemblées comme en faisceaux, surmontent le fruit : coupez-le dans la ligne de démarcation : lorsqu’on l’aura mangé, détachez les feuilles inférieures à la hauteur de douze à dix-huit lignes, c’est-à-dire dans toute la partie qui doit être enterrée, & mettez cette couronne sécher sur des planches, comme il a été dit pour les drageons, afin que sa base devienne calleuse, & la plaie bien cicatrisée.

Est-il plus avantageux de planter des drageons ou des couronnes ? les cultivateurs sont partagés dans leurs opinions. Quelques-uns donnent la préférence aux couronnes, & M. Miller tient pour les premiers. Au surplus, cette incertitude prouve du moins qu’on peut se servir des deux ressources que la nature a prodiguées à cette plante pour augmenter sa multiplication.

II. De la terre qui lui convient. La meilleure terre est celle qui ne retient ni trop, ni trop peu l’humidité, & qui n’est ni trop compacte, ni trop sablonneuse. Pour la préparer, on s’y prend ainsi. Enlevez des gazonnées dans une prairie ; mêlez-les avec un tiers de bouse de vache pourrie, ou de fumier d’une vieille couche à melon ; mélangez bien le tout, pour vous en servir six mois ou un an après. Dans cet intervalle, brisez plusieurs fois cette terre ; & même lorsque les particules commenceront à en être assez séparées, passez le tout à la grille de fer, afin que le mélange soit plus intime. Si la terre des gazonnées étoit trop compacte, il conviendroit d’y mêler un peu de sable, tout au plus un sixième, & même un huitième, suivant la constitution de la terre.

III. De son entretien. La trop grande humidité est mortelle pour l’ananas ; c’est aussi ce qui lui nuit le plus dans les serres chaudes pendant l’hiver, sur-tout dans les climats où le ciel, nuageux & brumeux, ne permet pas souvent aux rayons du soleil de pénétrer dans la serre. Soit des plantes, soit de la terre des pots, soit des couches, il s’élève en vapeurs une quantité d’eau assez considérable pour en surcharger l’atmosphère de la serre : dès-lors les ananas jaunissent, & ils ont à redouter dans cette saison, & le froid & l’humidité. On les garantit