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ÂNÉE. Mesure en usage dans quelques provinces, soit pour les fluides, soit pour les liquides. Ce mot signifie encore la charge qu’un âne porte à chaque voyage. L’ânée pour les fluides contient quatre-vingts pintes, mesure de Paris ; c’est-à-dire qu’elle pèse cent soixante livres, poids de marc. L’ânée pour le blé est composée de six mesures, nommées bichet ; & il faut six bichets, du poids de cinquante livres chacun, pour former une ânée. Quand le commerce & les particuliers seront-ils débarrassés de cette étonnante variation dans les poids & les mesures ?


ANÉMOMÈTRE, & ANÉMOSCOPE ; deux machines destinées en météorologie à indiquer la force du vent & sa direction. La force du vent se connoît par la vîtesse ou le tems qu’il met à parcourir un espace donné, & réciproquement sa vîtesse peut se connoître par la force avec laquelle il pousse un corps qui est opposé perpendiculairement à sa direction. C’est sur ces deux principes qui n’en sont qu’un, qu’est fondée la construction de l’anémomètre. M. Mariotte, dans la suite de ses recherches sur les fluides, travailla à calculer la vîtesse de l’air en mouvement ou du vent ; il lançoit une plume dans l’air, & mesuroit ensuite l’espace qu’elle parcouroit dans un tems donné. On sent facilement combien cette manière étoit imparfaite. Plusieurs auteurs se sont occupés de cette partie de la physique, si intéressante pour la navigation. Huyghens, Mariotte, Belidor, Bouguer, ont dressé des tables où les degrés de force des vents qui frappent une surface d’une grandeur déterminée, sont comparés avec une suite régulière de poids d’égale impulsion ; quelques-uns même ont joint à la théorie la construction de différens anémomètres : on connoît celui de MM. Bouguer, dont M. Van Swinden se sert, & celui de Wolf, que M. d’Ons-en-Bray a perfectionné. Le plus commode, sans doute, & le plus parfait, est celui de M. Brequin de Demenge, colonel-ingénieur au service de Sa Majesté impériale & royale, dont nous avons donné la description & les dessins dans le Journal de Physique 1780, Juin, page 433.

C’est une espèce de moulin à vent, avec six ailes renfermées dans une cage composée de douze volets fixes, mais inclinés de trente degrés. L’axe qui porte les ailes, est vertical, & tourne au centre des douze volets. Ce premier axe porte une roue horizontale qui s’engrène dans une seconde roue perpendiculaire, dont l’axe est horizontal. Ce second axe est garni d’un ressort fort élastique dont un bout est attaché à l’axe, & l’autre à un piton à vis. Ce ressort donne à cet axe, de même qu’à celui des ailes, la liberté de faire une révolution, jamais plus ; & il doit être d’une force telle que le vent le plus fort qui tourne les ailes, ne le sera pas assez pour lui faire achever la révolution entière. À l’extrémité de l’axe horizontal, est une aiguille qui fait ses révolutions sur un cadran où sont tracés les différens degrés de force du vent.

Pour exprimer ces degrés, on place sur l’axe horizontal une autre roue, qui porte un cordon