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sous le nom d’alcali volatil : cette odeur est fétide & insupportable ; elle excite même des envies de vomir.

Enfin, quand la putréfaction est achevée, le morceau de viande ne donne plus d’alcali volatil, l’odeur fétide diminue ; il perd de son poids de plus en plus, il fournit une gelée qui se dessèche & se change en une matière terreuse & facile à casser.

C’est ainsi que la putréfaction décompose les corps & les réduit à leurs principes, mais nous ignorons par quel mécanisme cette décomposition s’opère. Examinons cependant ces phénomènes.

L’air est un des élémens qui entre dans la composition de tous les corps de la nature ; & plus un corps est dur, serré & compacte, plus il contient d’air. Il est en outre nécessaire de savoir que l’air contenu ainsi dans les corps, n’est pas de la même nature que celui que nous respirons, & qu’il est privé d’élasticité, quoiqu’il fasse tous ses efforts pour recouvrer cette qualité qu’il possède. Or, toute cause qui tendra à faciliter la sortie de cet air combiné dans les corps, & à permettre l’entrée de l’air que nous respirons, fera naître dans le corps un mouvement particulier, connu sous le nom de putréfaction.

On peut donc hasarder de dire que le mouvement qui se fait dans un corps qui entre en putréfaction, vient de l’action combinée de l’air fixe & de l’air que nous respirons ; que cette action consiste dans les efforts que fait l’air fixe pour se dégager des parties d’un corps en vertu de son élasticité, & dans les efforts de l’air que nous respirons pour pénétrer dans les parties de ce même corps d’où l’air fixe tend à sortir.

On peut conclure de cette théorie, appuyée sur l’expérience, que les antiseptiques sont tous les alimens & remèdes capables de conserver l’air fixe dans nos parties, de le rétablir quand il en sera sorti, & d’empêcher l’air que nous respirons de pénétrer dans la substance de ces mêmes parties.

Les causes qui peuvent faciliter cette sortie de l’air combiné dans nos corps, sont en très-grand nombre ; il nous suffira d’en examiner quelques-unes.

1o. Une chaleur trop forte. Elle distend toutes les parties d’un corps, & facilite la sortie de l’air combiné, en rompant l’équilibre établi par la nature entre l’air que nous respirons & l’air fixé dans nos parties. Cette cause, unie à plusieurs autres que nous aurons occasion d’examiner, donne naissance à ces fièvres putrides & malignes qui viennent à la suite d’un été très-chaud & humide.

2o. L’humidité, parce que son effet est de relâcher les corps, de diminuer la jonction des parties, de les dissoudre même, & de lever l’obstacle qui empêchoit à l’air fixe de jouir de son élasticité.

3o. Les alimens tirés des animaux. Ils contiennent peu d’air fixe, se putréfient promptement, & ils accélèrent la tendance de nos humeurs à la putréfaction.

4o. La disette d’alimens, & leurs mauvaises qualités. Les végétaux gâtés, les blés ergotés dans les tems de famine, produisent beaucoup de maladies putrides ; le chyle produit