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nature ; le grand nombre de systêmes imaginés nous prouvent seulement que ce secret n’est pas deviné. Nous ne parlerons donc ici que de ce qui est connu & démontré par l’expérience. La poussière fécondante dans les fleurs, s’échappant des anthères de l’étamine, tombe sur le stigmate du pistil, le pénètre, & va féconder un ou plusieurs germes. Pareillement la liqueur séminale passe des réservoirs du mâle, où elle est préparée, dans l’ovaire de la femelle où elle porte le principe de vie à un ou plusieurs œufs.


Incubation.

L’œuf renfermé dans l’ovaire comme dans un calice, prend insensiblement de l’accroissement, brise les membranes qui le retenoient, & se précipite dans l’utérus par les mêmes vaisseaux (trompes) qui avoient servi de canaux à la liqueur séminale. Là il reçoit la nourriture par le placenta. Dans les ovipares, on retrouve à l’ovaire la même forme de calice ; mais à peine l’œuf en est-il sorti, qu’il n’adhère à aucune partie ; il n’est attaché à aucun placenta. Les plantes n’ont pas d’ovaire ; mais elles ont des réceptacles. Dans les vivipares, les ovaires sont hors de l’utérus ; dans les plantes, les réceptacles sont dans le fruit même ; ainsi, elles n’ont pas besoin ni des trompes dont nous avons parlé, ni du transport de l’œuf. Le placenta est propre au fœtus animal, & non pas à la mère ; ne devroit-on pas le comparer à la radicule, production de la graine vivante qui prend de l’accroissement dans la terre ? Le fœtus ne paroît au jour qu’après sa perfection : la graine n’abandonne le réceptacle qu’à sa maturité ; mais leur maturité n’est pas la même. Tous les organes du fœtus sont développés : la plantule existe bien dans la graine ; mais elle a besoin de la germination pour son entier développement, comme l’œuf a besoin de l’incubation. Ainsi, la graine n’est pas parfaitement semblable au fœtus du vivipare, ni à l’œuf de l’ovipare ; mais on peut la comparer avec tous les deux : elle a une infinité de rapports avec eux. Dans les vivipares, l’incubation se fait intérieurement, & non loin des ovaires ; dans les ovipares, extérieurement, & loin des ovaires ; dans les plantes, dans l’ovaire même. Les phénomènes de l’incubation & de la gestation se rapprochent encore davantage. Les organes paroissent, se fortifient, prennent de l’accroissement jusqu’à ce qu’ils soient parvenus au terme de la perfection, ou au tems marqué ils doivent voir le jour. Comme la durée de la grossesse des animaux est limitée à des termes constans, ainsi, depuis l’instant de la floraison jusqu’à la maturité de la graine, la nature a marqué un intervalle fixe. Des loix communes dans l’exercice de leurs fonctions conduisent le germe des uns & des autres jusqu’au moment de sa naissance.


Accouchement ou Naissance.

La nature prépare de loin cet instant. À la fin de la grossesse, les sucs destinés à la nourriture du fœtus, devenant inutiles, refluent à l’orifice de l’utérus, il s’élargit, les cartilages se ramollissent, le