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sur tout le pré, & avec la plume on la charge discrétement & par places, de petits points d’un verd plus fort, parmi lesquels on exprime des petites touffes d’herbes. Les prés artificiels se font de la même manière, excepté qu’on les sillonne comme des terres labourées.

Les friches, les terrains arides, s’expriment avec une couleur mêlée de jaune, de verd & de rouge pâle, que l’on pointille avec la même couleur plus foncée.

Les bois de haute futaie, les taillis, les arbres, s’expriment en formant des masses de têtes d’arbres ou de feuillées, au dessous desquelles on tire des traits pour représenter des troncs, ou bien on imite des masses de tiges grouppées pour les taillis. Quand ce sont des avenues que l’on veut représenter, on dispose ses arbres dans l’alignement de l’avenue ; on colore ces arbres avec des verds gais ; on ombre ces feuillées sur leur droite, pour leur donner du relief ; au bas des tiges, on pose les ombres que les grouppes doivent causer sur les parties vides & les places vagues que l’on laisse irréguliérement.

Pour exprimer des terres labourées, on fait dans l’étendue de chacune, & avec la plume ou le pinceau, des traits ou sillons de même couleur. Quand il y a plusieurs champs labourables qui se suivent immédiatement, on les sillonne en différens sens & avec différentes nuances, avec des verds plus ou moins jaunes, plus ou moins bleus, avec une couleur rousse, &c. Les terres labourées sur le penchant d’une montagne, doivent avoir leurs sillons comme par échelons parallèles entr’eux, & suivant le contour de la montagne ; car c’est ainsi que l’on mène la charrue, & non pas de bas en haut.

Les haies & les buissons se font avec la plume comme des petites feuillées ; on les ombre & on les colore comme des têtes d’arbres.

Les vignes à échalas se font par rangées exactes, mais dans différens sens pour différentes pièces de vignes contiguës les unes aux autres. On exprime les échalas à la plume & à l’encre de la Chine par des traits perpendiculaires au plan, & les ceps avec du verd de vessie, ou autre, employant la plume pour faire une espèce de serpent ou de zigzag autour de chaque échalas. La teinte générale d’une vigne est de couleur rousse, ou d’un verd presque jaune, mais très-clair.

Les maisons, les édifices remarquables, les bâtimens particuliers dont la figure est tracée sur le plan, s’expriment par une couche de carmin pâle, mise bien uniment dans chacune de ces figures. En pointillant de carmin les bords opposés au jour, on donne plus de grâce au plan ; quelquefois on figure le comble de ces édifices, lorsqu’ils sont remarquables, comme châteaux, églises, &c. & alors, dans leur partie éclairée, on ne met qu’un filet de rouge adouci, & une couche de bleu exprime les ardoises dont ils sont couverts.

Au reste, le goût, plus que tous les préceptes, doit guider la main de celui qui lave ou colorie un plan. Nous avons fait graver quelques-uns des objets dont nous venons de parler, pour servir de