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Pour faire une ruche solide, & qu’on puisse transporter, avec des hausses, selon les proportions & les dimensions qu’exige M. du Carne, il ne faut que quatre ficelles d’une moyenne grosseur : on les attache chacune par un bout, aux petites traverses qui débordent la première hausse ; on les conduit ensuite aux traverses de la seconde, où on leur fait faire un tour en serrant avec force, & ainsi de l’une à l’autre, en tournant & serrant toujours la ficelle autour des traverses : lorsqu’on est parvenu au couvercle, on noue la ficelle à la traverse du milieu pour l’arrêter ; on peut ajouter sur le couvercle une autre traverse qui croise celle du milieu, & qui déborde de quatre lignes, pour attacher la ficelle de ces côtés.

L’ouverture qui sert de porte aux abeilles pour entrer dans la ruche, est une entaille pratiquée dans l’épaisseur de la table : elle commence au bord, vis-à-vis le milieu de la ruche, & elle est prolongée jusqu’à quatre pouces en-dessous : sa largeur est de trois pouces & demi vers les bords de la table, & de deux pouces & demi à l’endroit où elle finit : sa profondeur, qui n’est que de cinq lignes, suffit pour que les abeilles puissent aisément entrer dans leur habitation. On adapte une planche mince à cette ouverture, qu’on glisse dans cette espèce de canal, quand on juge à propos d’interdire aux abeilles la sortie de leur domicile. Il faut avoir attention que cette entaille, qui forme une espèce de canal, ait un peu de pente vers les bords de la table, pour l’écoulement des eaux, lorsque les ruches sont exposées à la pluie : sa profondeur doit donc être plus considérable vers les bords, qu’auprès de la ruche. M. du Carne assure que le prix de ses ruches n’excède pas 36 à 38 sols.

M. du Carne s’est servi pendant quelque tems d’une autre espèce de ruche pour loger les abeilles dont les hausses n’étoient que des cercles, tels que ceux des tamis qu’on emploie pour passer la farine. Elles avoient les mêmes dimensions & proportions que les hausses quarrées, des traverses qui se croisoient dans le milieu, & un couvercle sur la dernière seulement. On les arrangeoit & on les assujettissoit l’une sur l’autre, avec les mêmes précautions qu’il a été dit qu’on prenoit pour celles qui sont quarrées. Il n’étoit pas possible d’avoir des ruches à meilleur compte, puisqu’on pouvoit s’en procurer pour 12 à 15 sols. Les dangers auxquels les abeilles & leurs provisions étoient exposées, par rapport aux souris, qui pouvoient facilement percer dans une nuit, un bois qui avoit tout au plus trois lignes d’épaisseur, & causer dans une ruche beaucoup de ravages & de dégâts en peu de tems, l’ont décidé à les réformer : il avoit plusieurs fois éprouvé les inconvéniens auxquels elles étoient sujettes.

M. du Carne, convaincu par l’expérience, de l’utilité des ruches à hausses quarrées, faites en bois, les a préférées à celles qui étoient construites en paille, & selon les mêmes proportions dont il avoit fait usage long-tems pour loger les abeilles. Ces sortes de hausses en paille avoient un rebord extérieur en-haut & en-bas, d’un pouce de

diamètre,