Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

doit pas différer à l’attaquer par des remèdes : le plutôt n’est que le mieux. On ne doit pas attendre que le mal ait jeté de profondes racines.

Celles qui viennent de cause héréditaire, ou d’une communication par le lait d’une nourrice, sont incurables, sur-tout si elles se manifestent dans l’âge viril. Pour l’ordinaire, suivant Buchan, elles n’attaquent guère que depuis la quatrième année jusqu’au temps de puberté. Il se fait souvent à cet âge une révolution qui guérit cette maladie. On ne voit pas que l’art puisse imiter la nature dans cette révolution. Souvent les tumeurs écrouelleuses se guérissent dans un endroit & recroissent dans un autre ; Bordeu, dans son Traité sur cette maladie, recommande d’imiter la nature par des cautères, des sétons, & de faire prendre des toniques doux & absorbans.

Les vues que l’on doit se proposer pour parvenir à la guérison des écrouelles, se rapportent, 1°. au traitement topique ; 2°. à l’administration des fondans pris intérieurement ; 3°. au rétablissement de la constitution.

Quant à la première, je ne saurois assez recommander l’onguent de tabac, ou celui de Bryone ; (voyez ce mot) l’emplâtre de savon camphré est un excellent remède. Je donne cependant la préférence aux cataplasmes de mie de pain, avec la racine de bryone, & les feuilles de ciguë. L’application des feuilles de joubarbe a réussi ; de Haen a guéri des écrouelles par la seule fomentation d’eau chaude. J’en ai fait disparaître, qui étoient avec spasme, par l’application d’un vésicatoire ; la tumeur se ramollissait à proportion de la diminution du spasme.

2°. Bordeu fait consister le traitement des écrouelles, dans les frictions mercurielles, & dans l’usage des eaux de Barèges. Les gommes résolutives, la scille, la rue peuvent produire de bons effets. La Pujade, chirurgien de Toulouse, traitoit les écrouelles par la rue, & ordonnoit en même temps un régime desséchant ; les divers sels résolutifs & incisifs, quand il y avoit une disposition à l’hydropisie ; l’alcali fixe végétal, les eaux minérales salines, dont l’effet diurétique est plus utile que le purgatif. L’eau de mer, dont peut-être la qualité est due à sa vertu purgative, a très-bien réussi dans les tumeurs nouvelles. Russel, dans son Traité De tabe glandulari, la vante beaucoup, & l’ordonne jusqu’à une livre par jour, dose à laquelle il parvient par degrés.

3°. Pour rétablir la constitution relâchée, l’usage des eaux froides, gazeuses, sera très-approprié. Le quinquina tonique par excellence convient plus particulièrement quand la constitution est altérée. Aussi a-t-on vu qu’en Angleterre il réussissoit lorsque les tumeurs étoient molles. Les frictions faites avec les flanelles imbibées de la fumée des plantes aromatiques, sont très-recommandées.

Quand on a insisté assez long-temps sur les fondans, il faut examiner quelle évacuation affecte la nature, & l’aider par des moyens propres à ses fins. Les signes qui nous font connaître la fusion des humeurs procurée par les fondans, sont l’intermittence du pouls, des flux imparfaits souvent interrompus, les urines plus chargées de sédiment qu’à l’ordinaire.