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les corps. On se servit d’abord d’un globe de soufre, ou d’un simple tube de verre que l’on frottoit avec les mains ; on y substitua ensuite un globe de verre que l’on faisoit tourner sur deux pivots, par le moyen d’une grande roue, & que l’on frottoit avec les mains ou avec un coussinet. L’électricité qui S’en échappoit étoit portée par une chaîne à de gros cylindres de métal, que l’on a depuis nommé conducteurs. Les globes s’étant brisés plusieurs fois, on les a abandonnés pour employer à leur place un plateau de verre, que l’on fait tourner entre des coussinets. Au-devant du plateau est un cylindre de métal à deux branches ; les extrémités de ces deux branches sont garnies de pointes, & s’approchent très-près du plateau ; ces pointes soutirent l’électricité du plateau de verre, qui fait ici l’office du globe. Ce cylindre à deux branches ou premier conducteur, est isolé sur un tube de verre, & peut communiquer avec d’autres grands cylindres de métal, par des chaînes ou des tiges de métal. Telle est, en peu de mots, la description de la machine électrique la plus en usage actuellement.

Quand on veut électriser un corps an-électrique, il faut le disposer de manière que l’électricité qu’on accumule ne puisse s’en échapper, car ces corps doivent être considérés comme remplis de pores, que l’électricité traverse facilement pour se porter aux corps voisins. Les corps qui n’électrisent par frottement, ne transmettent point, ou presque point par communication, la vertu qu’ils acquièrent. On conçoit, d’après cette dernière observation, que pour communiquer l’électricité à un corps an-électrique, & l’empêcher de s’extravaser, il ne faut que l’isoler, c’est-à-dire, le placer sur un autre corps susceptible d’être électrisé par frottement, ou le suspendre à un corps de cette dernière espèce. Les façons d’isoler, les plus ordinaires, sont d’élever le corps sur un guéridon de verre, sur des plateaux de résine, sur un tabouret soutenu par quatre piliers de verre, ou enfin de le suspendre avec des cordons ou des rubans de soie.

§. IV. Principaux Phénomènes électriques.

1. Attraction & répulsion. Les attractions & les répulsions découvertes par Otto de Guericke, devinrent plus célèbres entre les mains des Physiciens qui répétèrent ces expériences ; on les a variées à l’infini : nous n’en citerons qu’une. Frottez avec la main, ou avec un papier, un tube de verre, vous l’électriserez. Laissez alors tomber dessus une petite feuille de métal, la feuille sera attirée par le tube, elle s’y précipitera ; mais bientôt elle en sera repoussée, & ne reviendra vers le tube qu’après qu’elle aura touché un autre corps qui ne sera pas électrisé ; elle sera alors attirée & repoussée de nouveau par le tube : avec un peu d’adresse, on peut faire promener cette petite feuille tout autour de la chambre.

Pour entendre ce phénomène, il faut se ressouvenir que l’électricité est un fluide répandu dans tous les corps, & qui suit les loix de tous les fluides, par conséquent, cherchant sans cesse à se remettre en équilibre, & que ce fluide, comme nous le verrons plus bas, a beaucoup