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d’analogie avec le feu & la lumière. Cela posé, quand on surcharge un corps d’une quantité d’électricité, cette surabondance cherche à s’en échapper par tous les points de sa surface, comme une liqueur que l’on verse dans un vase, & qui se répand par-dessus les bords. L’électricité s’échappe par des rayons divergens du centre à la circonférence, mais en même temps il se fait une raréfaction autour du corps électrisé. Un corps léger, qui ne l’est pas, plongé dans cette atmosphère de raréfaction, est porté au centre vers le corps électrisé, par le poids de l’air extérieur. Dès qu’il l’a touché, il s’électrise lui-même & acquiert une surabondance d’électricité qui cherche à son tour à s’échapper de ce corps par des rayons divergens du centre à la circonférence. Il repousse donc le corps électrisé, & il en est lui-même repoussé, tant qu’il a une surabondance d’électricité, qu’il est électrisé en plus. S’il vient à toucher un corps qui ne le soit pas du tout, il lui communique sa surabondance d’électricité, & il n’a plus que la quantité première. Dès ce moment, il peut obéir à l’impulsion de l’air, lorsqu’il est plongé dans l’atmosphère raréfiée du premier corps électrisé.

C’est à la vivacité avec laquelle l’électricité s’échappe d’un corps électrisé, qu’il faut attribuer sa propriété de hâter la circulation des fluides, & l’écoulement des liqueurs.

Nous verrons souvent ces deux principes, la raréfaction environnant le corps électrisé en plus, & l’échappement du fluide électrique du centre à la circonférence, servir de base à presque tous les phénomènes que l’électricité nous offrira dans les règnes animal & végétal.

2. Communication & propagation. Si l’électricité est un fluide qui cherche perpétuellement à se mettre en équilibre, & qui passe dans tous les corps qui l’environnent, il n’est pas étonnant qu’elle puisse parvenir à une très-grande distance, par le moyen d’un ou de plusieurs corps intermédiaires. M. Lemonier est parvenu à la porter à la distance de près de deux mille toises ; & le temps qu’il fallut pour les parcourir, fut presque indiscernable. On peut croire que la propagation du fluide électrique ne reconnoît point de bornes, & qu’elle se fait avec une telle rapidité, qu’il n’est pas possible d’assigner l’espace qu’il peut parcourir dans un temps donné.

3. Étincelles, aigrettes & points lumineux. Quand il se trouve une certaine distance entre un corps électrisé & un autre qui ne l’est pas, le fluide électrique passe de l’un à l’autre par une espèce de saut, & il se décèle par une étincelle ; cette étincelle est accompagnée d’un petit bruit ou craquement, & produit une sensation semblable à celle d’une piqûre. Dans l’obscurité, une étincelle paroît comme un petit trait de flamme. Pour répéter cette expérience d’une manière sensible, qu’une personne monte sur un tabouret à isoler, & qu’on l’électrise en la faisant toucher au conducteur ; alors, si une personne non électrisée & non isolée présente l’un de ses doigts à quelque partie que ce soit du corps de la première, on entendra un petit pétillement, & on verra partir une étincelle lumineuse entre le doigt qui touchera la partie qui sera touchée. Le même