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dépendent absolument. Les nuages, les brouillards, la pluie, la grêle, le tonnerre, sont ou accompagnés ou produits par son action, comme on peut le voir à chacun de ces articles. Les êtres vivans qui tirent une partie de leur existence du milieu dans lequel ils sont placés, participent & en sont plus ou moins affectés ; ainsi, les animaux & les végétaux qui sont perpétuellement environnés par l’atmosphère, doivent nécessairement en éprouver une influence directe ; ses différens états, ses vicissitudes, son passage subit du froid au chaud, du sec à l’humide, du plus ou moins d’électricité, agissent immédiatement sur des individus qui l’absorbent par tous les pores. L’électricité atmosphérique a donc une action directe sur l’économie animale & végétale. De plus, chaque substance est imprégnée d’une certaine quantité de fluide électrique, les êtres vivans encore plus que les morts ; car le fluide électrique est peut-être un des principes vivifiants des premiers ; en qualité de fluide il en suit les loix, soit par rapport à l’équilibre, soit par rapport à la pression & réaction. Pour mieux comprendre ceci, qu’on lise ce que nous avons dit au mot Air, (voyez ce mot) sur ce fluide renfermé dans la poitrine, & dans toutes les Capacités de l’animal, sur sa réaction contre la pression de l’air atmosphérique, sur sa dilatation & sa condensation en raison du froid ou du chaud de l’air extérieur, &c. &c. Il en est de même par rapport au fluide électrique intérieur du corps, il est également sensible aux vicissitudes du fluide électrique extérieur.

Je pense que le grand réservoir de l’électricité, est l’air ou l’atmosphère dans lesquels il est toujours en équilibre. Tant que ce fluide est dans cet état, aucun effet n’annonce sa présence, comme nous l’avons remarqué plus haut ; ce n’est que lorsqu’il est surabondant, ou lorsqu’il n’est pas en proportion ou en quantité naturelle, alors il devient sensible. C’est ainsi que les nuages, la pluie, la neige, les brouillards sont électriques, c’est-à-dire surchargés d’électricité. La terre est presque toujours électrisée en plus, parce qu’elle s’imprègne continuellement de la portion fluide que la lumière fournit à l’air & que l’air dépose sur la terre. La terre, à son tour, rend cette portion surabondante à l’homme, aux animaux & aux plantes qui, à leur tour, en consomment une partie, tandis qu’ils rejettent l’autre. Cette circulation perpétuelle que nous allons développer, ne mérite pas moins notre admiration, que celle de l’air fixe & de l’air déphlogistiqué dans la nature. (Voy. Air fixe & Air Déphlogistiqué)

Une question bien intéressante sans doute à résoudre, seroit de savoir si l’atmosphère est également électrique dans tous les pays. Un seul fait jusqu’à présent peut servir de réponse ; mais il est encore bien insuffisant pour la décider entièrement. M. Bajon dans son Histoire de Cayenne, rapporte que la grande humidité de l’atmosphère de ce pays, est très-contraire aux expériences électriques ; « c’est sans doute pour cette raison, ajoute-t-il, que des physiciens qui ont voulu en tenter en différens endroits de la zone torride, n’ont pu parvenir à rassembler ce fluide par les moyens qu’on a coutume d’employer en Europe. » Mais qui ne voit ici que c’est l’humidité qui, fai-