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temps de l’inspiration, se dépouille de son excès d’électricité, & la communique à toute la poitrine, d’après les loix de la communication ; l’expiration rend cet air à l’atmosphère. Ce mécanisme si simple se renouvelle à chaque instant, & à chaque instant apporte une nouvelle dose de fluide électrique qui entretient ainsi la quantité nécessaire pour l’état de santé. Cependant il peut arriver deux cas particuliers, qu’il faut bien distinguer dans cette opération merveilleuse : ou le corps animal est électrisé en plus, par rapport à l’atmosphère, ou il est électrisé en moins : dans le premier, la masse d’air qui pénètre la poitrine, lui enlève la portion surabondante de l’électricité, par la loi de l’équilibre ; dans le second, au contraire, c’est elle qui se dépouille d’une partie de son électricité en faveur de l’animal. Nous verrons tout à l’heure les effets qui en résultent.

La seconde cause qui fournit du fluide électrique, c’est tous les corps environnans qui se trouvent plus chargés d’électricité ou électrisés en plus que le corps animal. Ce fluide pénètre & s’introduit par le contact & à travers les pores. Mille exemples confirment cette vérité, nous n’en citerons ici qu’un avec M. l’Abbé Bertholon. Les personnes dont la poitrine est délicate, souffrent beaucoup dans les temps où l’air est plus vif & plus chargé de feu électrique ; il est même des contrées où l’air a plus constamment ces qualités, & sur-tout dans les régions plus élevées où l’électricité a conséquemment plus d’énergie ; mais si ces mêmes personnes vont dans les lieux où l’électricité de l’atmosphère est moins forte, elles cessent de ressentir des douleurs de poitrine. Non-seulement le fluide électrique pénètre dans notre corps par le contact immédiat de tout ce qui nous environne, mais les alimens que nous consumons tous les jours, sont encore un des moyens qui lui en fournit le plus abondamment. Sans doute que ces alimens, en se décomposant dans les organes de la digestion, de la chilification & de la sanguification, se dépouillent en même temps de la portion de fluide électrique qu’ils contenoient, à peu près comme de l’air fixe (Voyez ce mot) avec lequel ils étoient combinés.

Tout concourt donc à entretenir, dans le corps de l’animal, une certaine quantité de fluide électrique & à l’entretenir dans un équilibre parfait ; mais qui dit équilibre, dit une chose qui peut se déranger très facilement, & qu’un rien peut faire varier ; par conséquent la quantité de fluide électrique animal peut être ou égale & en équilibre avec celle de l’air ambiant, ou supérieure ou moindre ; il en résultera nécessairement trois situations du corps très intéressantes à connoître, & qui méritent toute l’attention du philosophe & encore plus du médecin.

Tant que les fluides nécessaires à la vie sont en équilibre, & dans la proportion nécessaire réciproquement les uns aux autres, le corps est dans l’état de santé ; par conséquent, lorsque le fluide électrique sera dans la juste proportion, il concourra comme les autres à l’état de santé.

Dès que la proportion cesse, qu’un des fluides est surabondant, il doit nécessairement gêner les autres, &