Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/222

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coliques, les tranchées n’ont point disparu, alors on doit les purger avec une dissolution de manne, à laquelle on ajoute une ou deux onces de sirop de fleurs de pêcher, ou de chicorée composé.

II. Le dévoiement des enfans produit par le lait, se fait connoître par des déjections plus fréquentes, & plus liquides que ne le sont ordinairement celles des enfans qui tettent.

Pour bien distinguer les causes capables de le produire, on doit examiner si les excrémens sont homogènes, ou s’ils sont mêlés de quelques morceaux de viande que leur estomac n’a pu digérer ; il faut encore faire attention à leur couleur ; voir s’ils sont chyleux, gris, fromageux, laiteux. On pourra les appercevoir tels, sur-tout si les nourrices, par défaut de lait, ont été réduites à la dure nécessité de leur donner des alimens solides, à demi-mâchés, ou des fruits peu mûrs. Le dévoiement est quelquefois produit par la pousse des dents ; alors il faut avoir recours aux moyens décrits au mot Dentition. (Voyez ce mot)

On guérit les enfans du dévoiement, en les sevrant de tout aliment grossier, crud, & de difficile digestion. Cela seul ne rétabliroit point leur santé ; il convient de les purger de deux jours l’un, avec le sirop de chicorée composé, à la dose d’une once. Les remèdes stomachiques & absorbans, comme la confection d’hiacynthe mêlée à quelques grains de poudre d’yeux d’écrevisses, produiront les meilleurs effets.

III. La rache proprement dite, est une maladie qui n’attaque jamais que la partie chevelue de la tête, & les autres parties où il y a du poil ; il y en a de plusieurs espèces. Comme le mot rache est le même que le mot teigne, je renvoie le lecteur à ce dernier.

Les maladies de douze à dix-huit mois, sont la dentition, les échauboulures. (Voyez ces mots)

I. Sevrer les enfans, c’est les empêcher de teter : cette époque est quelquefois terrible pour eux ; ils se ressentent pendant long-temps de la privation du lait. Aussi sont-ils inquiets, rêveurs, tourmentés d’insomnie, insupportables à eux-mêmes ; s’ils voient leur nourrice, ils pleurent, ils veulent teter. Ils témoignent l’envie & le désir qu’ils en ont, par le mouvement des pieds & de leurs mains. On est forcé de les approcher des mamelles, & malgré le soin que l’on prend ordinairement de noircir le mamelon, soit avec de la suie, soit avec d’autres matières liquides noires & amères pour les en détourner, il en est qui ne sont point du tout arrêtés par la couleur, ni par amertume.

Ceux-là se ressentent beaucoup du sevrage ; &, si on s’obstine à les empêcher de teter, ils deviennent maigres ; cet état de maigreur qui leur survient, est pour eux un changement utile ; il est l’effet, comme le dit Broncet, dans son Éducation médicinale des enfans, d’un dégorgement de petits vaisseaux remplis d’un suc laiteux, qui doit faire place à une limphe nourricière, d’une autre nature, & d’une consistance plus solide : car un chyle bien conditionné, mais provenant de toute autre matière que du lait, porté dans des vaisseaux remplis de sucs laiteux, peut aussi bien nire, que la viande mêlée au lait dans l’estomac.