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La saignée faite, quand elle avoit paru nécessaire, il faisoit faire un cautère au fanon, & y faisoit mettre du chanvre ou de l’étoupe graissée de sain-doux : les deux bouts devoient pendre environ de quatre pouces de chaque côté ; il faisoit appliquer en outre, sur le cautère, un emplâtre composé de goudron & de vieux-oing : on ne le relevoit qu’au bout de vingt-quatre heures ; on promenoit alors le séton, & on l’enduisoit d’un mélange de jaunes d’œufs & de térébenthine de Venise ; quand la partie se gonfloit & suppuroit trop, M. Lugard y faisoit appliquer un cataplasme de lait & de mie de pain blanc, & d’un peu de sain-doux ; il faisoit relever l’appareil deux fois par jour, jusqu’à une diminution notoire de l’inflammation ; il recommandoit de laisser le séton encore environ un mois après la guérison de l’animal.

Quand après la saignée l’animal tenoit la tête baissée, paroissoit triste, respiroit difficilement, & souffroit au moment des digestions, il lui donnoit pour remède le purgatif suivant.

Prenez quatre poignées de son faites-les bouillir dans dix livres d’eau de fontaine que vous réduirez à moitié, passez la liqueur, dissolvez-y deux onces d’électuaire lénitif, & même demi-once de sel de glauber ; donnez à l’animal malade cette médecine tiède, & ne lui faites boire, au bout de deux heures, que quatre livres d’eau de gruau. Lorsque l’animal affecté de la contagion n’avoit pas ces derniers symptômes, M. Lugard lui faisoit prendre un breuvage composé de trois ou quatre onces de racine de garance, d’une once de racine de cucurma, d’une pareille quantité de celle de raifort sauvage, de deux onces de graine de fenouil, & de quatre poignées par parties égales de camomille, de matricaire & rue sauvage ; on faisoit bouillir le tout dans huit livres de petite bière, réduites à six ; on passoit le tout, & on en prescrivoit la colature en deux breuvages à prendre l’un le matin l’autre le soir.

On ne donnoit aux animaux malades aucune nourriture solide ou sèche, jusqu’à ce qu’ils pussent ruminer, de peur que leur estomac ne vînt à s’affoiblir, ce qui arrivoit ordinairement pendant la maladie : M. Lugard prescrivoit la potion suivante.

Faites bouillir, par égale quantité, du lait & de l’eau de fontaine ; versez-y quelques gouttes de vinaigre de vin blanc ; passez cette liqueur, & donnez-la tiède à l’animal. On se servira, pendant les trois premiers jours, du vinaigre de sureau, & pour les jours suivans, du vinaigre d’ail bien distillé, afin qu’il soit pur.

Il leur faisoit prendre alternativement de l’eau de foin, c’est-à-dire, de l’eau versée toute bouillante sur du foin haché bien menu, & qu’on tiroit ensuite au clair lorsqu’elle étoit presque tiède.

On leur frottoit souvent la gueule & les naseaux avec un mélange composé de la décoction de deux onces de raisins & de figues sèches, de pareille quantité de mahalep & d’une demi-once de graine de moutarde dans trois livres de lait & d’eau, qu’on faisoit réduire à deux, & à laquelle on ajoutoit deux onces de miel rosat & une demi-once de sel ammoniac : on se servoit d’une éponge pour employer