Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/310

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que de ses parois, étoit en partie sur les alimens, & en partie mêlée avec eux ; ils avoient la consistance plus dure qu’elle ne doit naturellement l’être, & comme mastiquée ; les recherches ne furent pas poussées plus loin. Les estomacs & les boyaux percés & déchirés, ne rendirent presque d’autre odeur que celle qui est ordinaire aux excrémens du bœuf.

Seconde ouverture. Une vache appartenant au même Fief-Gallet, fut reconnue malade le 22 ; on nous l’annonça mourante le soir du 23. Comme nous allions pour l’examiner, elle monta avec rapidité sur un tas de fumier fort élevé, où elle tomba agitée de violentes convulsions, & mourut toute essoufflée vers les sept heures du soir, rendant de la bave tenace par les narines & par la bouche ; nous en fîmes l’ouverture le 24 à huit heures du matin ; elle avoit le ventre enflé, ce qui provenoit en partie de ce qu’elle étoit pleine, & en partie des vents contenus dans le péritoine. Elle ne répandit aucune odeur fétide, ni ne manifesta rien contre-nature, dans toute la superficie de son corps écorchée, tant le tissu cellulaire se trouva sain. Le lait qui sortit des mamelles étoit blanc, lié & clair ; la tête & la poitrine se trouvèrent au naturel ; mais le sang qui sortit des vaisseaux en abondance, étoit dissous & non pas coagulé. Il sortit, tant de la poitrine que du bas ventre, une petite quantité de vents qui n’étoient pas puans. Les estomacs se trouvèrent distendus, pleins d’herbes, excepté l’abomasus, qui contenoit une liqueur boueuse, brune, en petite quantité. En général, l’herbe contenue dans les autres estomacs n’étoit pas aussi sèche & aussi mastiquée que dans le bœuf ; elle le paroissoit cependant assez pour rendre la digestion extrêmement difficile. L’intérieur, tant de l’omasus que du reticulum, du liber & de l’abomasus, étoit dépouillé de la membrane veloutée, qui se trouvoit sur la masse des alimens & roulée avec eux ; le livret, outre cela, avoit plusieurs feuillets détruits, noirs & tombans en lambeaux au moindre attouchement. Tout le trajet du canal intestinal étoit vide & enflammé, ainsi que le mésentère ; l’intérieur des boyaux étoit aussi dépouillé de sa membrane veloutée ; dans plusieurs endroits tout le boyau, sphacelé & corrompu, se déchiroit pour peu qu’on le tiraillât. Une portion de l’épiploon étoit macérée, noire & tombant en lambeaux, l’autre partie étoit saine ; la vesete, la matrice de même, ainsi que le fœtus & ses enveloppes. D’ailleurs, toutes les chairs étoient belles, sans mauvaise odeur, & il est à remarquer que ces endroits corrompus, ne sentoient pas non-plus fort mauvais.

Troisième ouverture. Un cheval appartenant à M. Guillot, ancien lieutenant-général de l’amirauté, à Marennes, le 28 & le 29 août, fut reconnu malade. Il se manifesta d’abord à la partie latérale gauche du poitrail, une tumeur qui s’étendit bientôt sur-tout le dessous du col. Un maréchal-ferrant cautérisa une grande partie de cette tumeur dans l’endroit le plus bas, en ma présence, avec un fer rouge, qui détruisit le cuir jusqu’aux chairs. Durant cette opération, le cheval ne donna aucune marque de sensibilité ; il étoit cependant sensible à la