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résoudre, tant par les remèdes internes, que par les topiques, & cela, avec d’autant plus de raison, que la matière morbifique y a plus de disposition que dans toute autre tumeur inflammatoire.

On doit prescrire aux malades attaqués d’une pareille inflammation, un régime très-sévère & très-délayant ; les saignées doivent être pratiquées le plutôt possible, & répétées plus ou moins, selon les progrès & le degré de l’inflammation.

Les saignées du pied feront toujours d’une plus grande utilité, sur-tout si l’érésipèle est à la tête ou au cou ; elles opéreront une révulsion plus grande & plus avantageuse.

L’érésipèle peut être quelquefois un symptôme de l’embarras des premières voies ; l’émétique est certainement le vrai spécifique ; on peut dire qu’il suffoque, pour ainsi dire, l’érésipèle : je l’ai toujours vu agir avec le plus grand succès, donné dans cette circonstance ; j’ai très-souvent observé que, le lendemain de ce remède, l’état inflammatoire avoit tout-à-fait disparu, & que la peau tomboit en écailles ; l’émétique n’emporte pas toujours toute la pourriture qui surcharge l’estomac & le reste des premières voies ; alors on a recours aux purgatifs doux & rafraîchissans, & quand ils ont trop irrité, on modère leur impression par quelque calmant ou par quelques verres d’eau de poulet nitrée.

On est assez dans l’usage d’imbiber des linges de certaines eaux résolutives, pour les appliquer sur les tumeurs érésipélateuses ; on ne fait pas mieux pour cela : ces sortes d’applications ne réussissent jamais, sur-tout lorsque le sang, par sa mauvaise disposition, les produit ; les corps gras & huileux sont très-dangereux & ne doivent jamais trouver leur place dans ces sortes de maladies ; ils bouchent les pores de la peau, & rendent l’érésipèle plus mauvais, & plus difficile à guérir.

Les résolutifs, comme l’eau de sureau, l’eau rose, ne peuvent convenir qu’aux érésipèles de cause externe, qui ne dépendent d’aucun vice interne ; on s’en servira sous forme de fomentation.

Dans les érésipèles malins, il se forme quelquefois de petites vésicules remplies d’une sérosité âcre & corrosive, qui laisseroient les marques les plus désagréables, si on n’avoit l’attention de les percer pour en évacuer la matière quelles contiennent, & de les bassiner avec du lait tiède, seul, ou bien coupé avec l’eau d’orge ou la décoction de feuilles d’armoise. Quand l’érésipèle se termine par suppuration, il faut le panser au moins deux fois par jour, & y appliquer des suppuratifs appropriés, comme l’onguent de la mère, le basilicum, le cérat de Galien, &c. ; quand il se termine par la gangrène, il faut donner aux malades du quinquina, sous forme d’extrait, appliquer sur l’érésipèle, des emplâtres faits avec de l’onguent de stirax, trempés dans l’eau-de-vie camphrée, & autres remèdes dont le détail nous mèneroit trop loin, & dont nous parlerons au mot Gangrène. M. AM.


Érésipèle, Feu sacré. Médecine vétérinaire. Le cheval, le bœuf & le mouton sont quelquefois attaqués de l’érésipèle, mais le mouton en est plus souvent affecté. La nature suit,