Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/404

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coup la paille qui servira à nourrir & à faire la litière d’un plus grand nombre de bestiaux, & par conséquent à la multiplication des engrais dont les champs élevés ont toujours besoin : il faut compter encore la multiplication des troupeaux, qui trouveront une nourriture abondante & saine dans un lieu dont l’approche leur étoit autrefois interdite, au moins pendant le tems du frai, tandis qu’auparavant, des vaches, des bœufs languissans & décharnés n’avoient sur les bords de l’étang, que de l’herbe, maigre de mauvaise qualité ; leur état de dépérissement l’annonçoit assez.(Voyez ce qui est dit à ce sujet, au mot Commune, Communaux.) L’augmentation des bestiaux, des troupeaux, & la perfection de l’espèce, devroient seules engager à supprimer les étangs, ainsi que la multiplication des engrais. Que peut-on attendre d’un travail fait par des bœufs étiques & exténués, & d’un champ sans engrais ? S’il se présente quelques exceptions relatives aux animaux de labourage, elles ne détruisent pas la généralité & la véracité des faits. Pour un particulier jaloux de bien nourrir son bétail, il y en a mille qui se contentent de l’envoyer paitre sur les bords des étangs. On ne doit donc plus être étonné de la fréquence des épizooties, (voyez ce mot) & de cette multitude de maladies qui attaquent & enlèvent le bétail.

Il y a plus, il est très-rare que les récoltes soient assurées dans les champs limitrophes des étangs : sur dix années à peine on en peut compter une bonne. L’eau réduite en vapeur, portée par le vent, rouille les plantes ; ou lorsqu’elles en sont imbibées, S’il survient un coup de soleil chaud, elles sont brûlées. Le bled est-il en fleur, la fleur coule plus facilement que par-tout ailleurs, & au lieu du grain on récolte souvent de la paille. La carie, ou charbon ou noir, attaque les blés dans certaines années ; c’est précisément lorsqu’ils se trouvent dans des circonstances égales à celles ou sont presque toujours les blés dont il est question : en effet, on les voit très-rarement exempts de carie, & même ceux qui en sont plus éloignés s’en ressentent. Revenons au tableau de comparaison des produits.

L’achat de l’alevin de 6 à 7 pouces de longueur coûte à peu-près 48 livres le millier ; ainsi, le prix de l’empoissonnement d’un étang de 100 arpens est de 4800 livres, & il est rare, près des grandes villes où les débouchés sont assurés, que l’alevin soit à un prix aussi bas. L’intérêt de cette mise première pendant trois ans est de 720 liv. ; le capital réuni à l’intérêt, forme la somme de 5520 livres.

« La carpe prise sur le lieux même se vend à l’échantillon avec les quatre au cent, c’est-à-dire, à la mesure, par pied & pouce, qui se prend depuis le bas de l’œil jusqu’à l’angle de la fourchette de la queue : les marchands prétendent que ce doit être deux écailles au-dessus de cet angle ; mais quelque chose que l’on tasse, le marchand parvient toujours à trouver son compte ; car, si on lui vend toutes les carpes de douze pouces & au-dessus, 300 livres le millier ou six sols la pièce, il rebutera toutes celles qui seront d’onze pouces, & il demandera ce