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varier selon celles qui produiront l’évanouissement.

Dans un évanouissement quelconque commençant, on jette sur le visage du malade, quelques gouttes d’eau froide ; ou bien on lui fait respirer du vinaigre, ou quelque eau de senteur ; il revient bientôt de cet état ; mais il ne reste pas longtemps sans faire un rechute, si on ne détruit point en lui la cause qui l’entretient & qui le produit. Dans le second degré, c’est-à-dire, dans la syncope, on emploie avec succès les vellications, les excitations ; les vapeurs du vinaigre sont meilleures que celles de remèdes plus forts, à moins que la syncope ne soit très-violente, & alors on pourroit se servir de la vapeur du sel ammoniac fait avec la chaux. On appliquera aux parties naturelles, aux bourses, à la vulve, une dissolution d’alkermès dans le vin ; l’aspersion d’eau froide, dont nous avons déjà recommandé l’emploi, seroit dangereuse dans le cas où la syncope seroit causée par l’exposition à un air froid, & à une suppression de transpiration ; mais ce secours est un véritable spécifique dans l’évanouissement qui survient dans les grandes chaleurs de l’été. Turton, Médecin de Montpellier, a guéri, en le couvrant de glace, un Officier qui étoit tombé en syncope en descendant de cheval, après avoir couru plusieurs postes, & qui resta long-temps dans un état d’inaction, pour ainsi dire sans vie.

Les remèdes chauds, volatils, huileux seroient dangereux, pour peu que la syncope fût profonde ; ils produiroient une chaleur brûlante & l’intérieur, & augmenteroient le refroidissement externe, quoiqu’ils parussent soulager pendant un instant.

Dans l’évanouissement des femmes hystériques, accompagné de convulsions, les plus sûrs remèdes sont les frictions aux extrémités, & les bains d’eau tiède continués fort long-tems ; il seroit souvent dangereux de mettre, comme on le fait ordinairement, dans le nez du coton imbibé d’esprit volatil : l’assa-fœtida & autres gommes prises intérieurement & même en lavement, sont les vrais remèdes quand les femmes sont vaporeuses.

On opposera à l’évanouissement qui a pour cause une abondance de sang, la saignée ; à celui qui dépend d’un défaut d’alimens, une bonne nourriture ; à celui qui sera causé par les vers, par l’embarras d’estomac, par les poisons, &c. les vermifuges, les purgatifs & les émétiques, le lait, l’huile & autres boissons mucilagineuses & adoucissantes.

On rétablira les cautères à ceux qui les auront fermés, on combattra la suppression des mois, par les saignées aux pieds, & celle des hémorroïdes, en appliquant des sangsues à l’anus, &c.

C’est ainsi qu’en adoptant à chaque cause, qui produit l’évanouissement, un traitement particulier ; on parviendra à guérir cette maladie, & à en prévenir les rechutes. M. AM.


ÉVAPORATION. Dissipation lente d’une portion de l’humidité d’une liqueur ou d’une matière solide, par l’action de la chaleur & du courant d’air ; il ne s’agit pas ici