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premier, que la figue est l’enveloppe des fleurs, que ces fleurs sont complètes, & qu’elles sont composées d’étamines & de pistils. (Voyez ces mots) Par conséquent elles se fécondent elles-mêmes sans le secours des figuiers sauvages : il suffit de connoître l’organisation des plantes pour anéantir les préjugés. Cette pratique mérite cependant l’attention du cultivateur : le figuier sauvage nourrit un insecte précieux, & on pourrait l’appeler le fructificateur, ainsi qu’il sera dit dans le Chapitre suivant, en parlant de la caprification.

Après que le terrein est préparé, on ouvre des fosses, & non des trous, de deux à trois pieds de longueur sur une largeur de quinze à dix-huit pouces, & à la profondeur d’un pied, & éloignées les unes des autres à la distance de douze à quinze pieds, suivant la qualité du sol.

Après avoir coupé sur l’espèce de figuier dont on désire le fruit, une branche âgée de deux ans, de huit à douze lignes de diamètre, & presque de la longueur de la fosse, on la couche dedans sur son plat, & sans emporter ses branches latérales, au moins les plus petites ; puis on relève l’extrémité de cette branche, afin de la faire sortir quelques pouces hors de terre ; après que la fosse est comblée, on la remplit de terreau bien consommé, & on lui donne une mouillure capable de bien imbiber le terreau, & non pas de le surcharger d’humidité. Quelques personnes partagent en deux & sur sa longueur le gros bout de la partie enterrée, afin que chaque division pousse plus facilement des racines ; la méthode est bonne. Si cette extrémité a été cassée, éclatée, elle en poussera plus facilement que si elle avoit été coupée circulairement, & encore mieux, si à l’extrémité il se rencontre un nœud. De ces faits il est aisé de conclure que plus la branche est noueuse, & plutôt elle pousse des racines, parce qu’il n’en sort jamais de la partie lisse & polie. Lorsque la fosse est comblée, & la branche assujettie, il faut bien se garder de couper l’extrémité qu’on a laissée hors de terre ; la plaie seroit mortelle, ou du moins très-dangereuse. Quelques arrosemens pendant les grandes chaleurs, sont tous les soins que la bouture exige. Les petites branches latérales enterrées avec la mère-branche facilitent beaucoup la pousse des racines. Comme leur bois est tendre, & que leurs nœuds se rapprochent, elles percent facilement l’écorce ; elles se multiplient, & la vigueur de la végétation de cette bouture en dépend. D’autres cultivateurs se contentent, & à tort, de planter perpendiculairement la branche dans le trou, après avoir fait quelques scarifications à l’écorce de la partie inférieure ; d’après cette méthode, il en manque presque toujours plus de la moitié, & souvent le tout, si on n’a pas de l’eau à sa disposition.

Une expérience assez générale a prouvé que les plants enracinés manquent rarement, mais que l’arbre est plutôt formé & fait, lorsqu’il provient de bouture bien faite & bien ménagée.

On peut recouvrir la fosse avec la balle du blé ou de la paille quelconque, hachée menu à la hauteur d’un à deux pouces, lorsque les chaleurs deviennent fortes. Cette paille empêche la grande évaporation d’une terre fraîchement remuée, & con-