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& les renouveler souvent. Ces feuilles, il est vrai, ont une odeur forte & puante, mais je réponds qu’elles ne produisent aucun effet.

D’autres ont conseillé les lotions de vinaigre fort & aiguisé avec le poivre & le sel. Cette préparation engourdit les cirons, tue même si l’on veut ceux qui existent, mais ne détruit point la multitude prodigieuse d’œufs que ces insectes ont déposé.

Ce vinaigre ainsi préparé ne sauroit pénétrer à la profondeur où la mouche du ver sauteur a déposé ses œufs ; d’ailleurs, un pareil acide développe davantage celui du fromage, hâte sa putréfaction & la conversion des œufs en vers.

Après avoir essayé la plus grande partie des recettes proposées, je n’ai trouvé que l’huile en général susceptible de produire un assez bon effet. Tous les insectes ont sur le dos ou sur les côtés des trachées par où ils respirent ; l’huile qui touche leur peau bouche leurs trachées, & les insectes meurent suffoqués. Avant de tremper le fromage dans l’huile, il faut avec une brosse à poils longs le frotter dans tous les sens, afin de faire tomber autant d’œufs ou d’insectes qu’il sera possible ; rechercher dans les gerçures, dans les cavités, avec la pointe d’un couteau, ce qui existe ; ratisser & bien essuyer le fromage. Si les gerçures pénètrent dans l’intérieur, trancher jusqu’au vif, ensuite y couler de l’huile & en imbiber toute la partie extérieure que l’on recouvrira ensuite avec un linge également imbibé d’huile ; renouveler cette opération autant de fois que l’on s’appercevra d’un nouveau dégât. Ce procédé réussit très-bien contre les cirons, mais il n’a pas la même activité sur le ver sauteur, parce qu’il est logé trop profondément. Cependant si on apperçoit sa retraite, l’endroit où il exerce ses ravages, on peut le découvrir & y mettre de l’huile qui pénétrera dans les galeries qu’il s’est formées.

CHAPITRE VI.

Des propriétés du Fromage.

Caseus ille bonus quem dat avara manus. Cet aphorisme est très-vrai. Tous les fromages sont bons pourvu qu’on en mange peu. Dans ce cas, ils aident & fortifient la digestion. Les fromages trop faits portent dans l’estomac un levain de pourriture ; ceux qui sont trop chargés de présure font promptement tourner les alimens à l’acide & à un acide chaud & désagréable. Les fromages faits avec le lait de brebis, ou de chèvres, se digèrent plus facilement que ceux faits avec le lait de vaches. Les fromages dont le lait n’a point été cuit sont dans le même cas que les premiers.

Les fromages à la crème & récemment faits, offrent une nourriture rafraîchissante & moins indigeste que le beurre.

Ces fromages, appliqués extérieurement, répercutent l’inflammation phlegmoneuse, & particulièrement l’inflammation érysipélateuse ; ils en calment la chaleur & la douleur, & s’opposent à leur tendance vers la suppuration.


FROMENT. Plante graminée, la plus productive, & dont le grain est le meilleur pour faire le pain par excellence ; en un mot, la plante la plus précieuse, la plus utile à l’homme, & le plus beau présent que lui ait fait la Divinité. Un auteur célèbre