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endommager vivement leurs racines, à cause de l’entrelacement de celles des arbres voisins ; dès-lors la reprise de ces sujets est plus que douteuse, & on aura beaucoup dépensé en pure perte. Quant à la manière de faire les trous ou fosses destinés à recevoir les arbres, voyez ci-après le mot Fosse.

Le semis réunit tous les avantages ; 1°. la végétation de la semence est assurée, à moins que les mulots & autres animaux ne la dévorent ; d’ailleurs, comme on sème fort épais & par rangée, on est assuré que si les grains d’une rangée sont défenses, ceux de la raie voisine ne le seront pas ; 2°. le travail du défrichement, (voyez ce mot) est moins dispendieux, quand même il seroit fait à bras d’hommes, pour détruire les vieilles souches. Mais les semis n’exigent pas ce travail, de forts & profonds labours suffisent ; il s’agit de les multiplier pendant la première année, & encore mieux pendant la seconde, afin de donner, comme je l’ai déjà dit, le temps à cette terre d’être pénétrée des amendemens météoriques ; passé ce temps on choisira pour semer une des trois méthodes indiquées pages 160, 161 & 162, du mot Châtaigne. La troisième est à mon avis celle que l’on doit préférer.

Quelques auteurs proposent avec raison, de planter en genevrier, en bouleau ; consultez ces mots, & sur-tout le dernier. La troisième méthode des semis facilite leurs plantations. Ces arbres défendent par leur ombre les jeunes plants, & de la trop grande ardeur du soleil & des coups de vents. À mesure que le chêne prendra de la force, semblable à l’ingrat, il fera périr celui qui l’a protégé dans son enfance ; mais il ne faut pas attendre cette époque, il vaut mieux couper le bouleau dès que le brin n’aura plus besoin de son secours, & les pieds donneront alors des fagots & du bois pour les cerceaux, qui dédomageront des premières avances, & donneront même du bénéfice : si tout le défrichement a été fait avec la charrue, les racines des bouleaux ne repousseront plus parce que l’ombrage des chêneaux les privera des influences de L’air.

CHAPITRE IV.

Des soins des Semis ou des Plantations.

Les semis doivent-ils être faits avant ou après l’hiver ? Je pense que plus l’on approche du midi, plus l’on doit choisir l’époque de la chute du gland, afin de ne pas être surpris par les sécheresses des mois de janvier, février, mars & avril. Dans nos provinces du nord, où les pluies sont fréquentes, on peut attendre après l’hiver, parce que les pluies d’avril y sont abondantes, & on ne craint pas que le gland pourrisse en terre pendant la mauvaise saison.

Malgré cette différence, je pense qu’il vaut mieux suivre la marche de la nature, & semer aussi-tôt après la chute du fruit ; il ne tombe de l’arbre que parce qu’il est dans son état parfait, & qu’il n’a plus besoin de son secours pour être en état de se reproduire ; d’ailleurs si on attend après l’hiver, il faudra stratifier la graine, ainsi qu’il a été dit au mot Châtaigne. C’est donc une opération & une dépense de plus, & le tout pour