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aura également six à sept pouces de répandue & pressée sur ce lit, retroussez la partie de la paille de seigle qui excédoit, & couchez cet excédent sur la couche de paille brisée. Sur ce premier lit, établissez un nouveau rang & clair de paille de seigle, qui servira à son tour à retenir l’assise suivante, & ainsi jusqu’au sommet. De distance en distance, on aura encore le soin de jeter, sur toute la superficie d’une assise, une couche très-mince de paille de seigle, qui servira de clef pour la masse entière. Cette meule sera enfin complètement recouverte, & terminée ainsi qu’il a été dit dans le précédent chapitre.

Si les emplacemens à l’abri de la pluie manquent & pour la paille & pour le fourrage, on peut réunir l’un & l’autre dans la même meule, en faisant des lits de trois pouces de paille & de trois pouces de fourrage quelconque. Il résulte de ce mélange, que la paille contracte l’odeur & même un peu du goût du fourrage uni avec elle, & que les animaux mangent le tout avec un égal appétit. Ce petit & économique expédient empêche les valets de gorger les bêtes de fourrage, sur-tout de luzerne, qui les échauffe beaucoup, & elles ont, pendant toute l’année, une nourriture uniforme.

Ce que je dis des paillers exposés au grand air, s’applique également à ceux de l’intérieur des bâtimens ; la précaution y est également utile, & peut-être encore plus, parce que le fourrage y est ordinairement plus à la portée de l’écurie. Alors l’apathie du paysan, sa négligence, les soins mal entendus qu’il a pour ses bêtes, le portent sans cesse vers le fourrage.

La paille qui a été mouillée, ou celle qui a été versée sur le champ dans le temps que l’épi tenoit à elle, ne mérite pas d’être conservée pour les bêtes ; comme aliment, il leur deviendroit très-funeste, & communiquerait une mauvaise odeur à la bonne paille qui l’environnerait.


SECONDE PARTIE.

De la conservation des Fromens dans les greniers.


Il est dans l’ordre de la nature que toute substance végétale parvenue à sa maturité & à sa perfection, tend à se décomposer, si l’industrie humaine ne retarde ce dépérissement. L’intérêt, les yeux toujours ouverts, voit avec chagrin les blés s’échauffer dans le grenier, perdre leur couleur, s’y détériorer ; il les a vus attaqués & dévorés par des insectes, & enfin, dans des blés de belle apparence après la moisson, n’y plus trouver que du son ou des grains d’une odeur fétide & agglutinés les uns aux autres après quelque séjour dans le grenier. Ces altérations, ces dépérissemens dépendent de deux causes, les unes extérieures & les autres intérieures ; il existe heureusement des moyens, de les en préserver.

CHAPITRE PREMIER.

Des causes extérieures.

Au nombre des premières, on doit placer les dégâts causés par les rats, les souris, & par un grand nombre d’insectes ; & les causes secondes tiennent à la négligence de l’homme.