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doit être celle de la gaude. Cette plante ne nuit point à la récolte du blé des années suivantes, parce que sa racine pivotante n’épuise pas les sucs de la superficie de la terre ; mais il faut considérer que du moment de la maturité de la plante, & par conséquent du temps auquel on l’arrache de terre, jusqu’aux mois d’octobre ou novembre suivans, on aura la plus grande peine à donner les labours convenables aux terres, pour peu que la sécheresse soit de durée.

II. Manière de semer. La graine de la gaude est d’une finesse, d’une ténuité extrêmes, & on peut à ces égards la comparer à celle du pourpier. Cette petitesse trompe la main & l’attente du cultivateur, parce qu’il est très-difficile de l’espacer d’une manière uniforme, & le moindre coup de vent emporte cette graine, l’accumule dans un endroit & laisse beaucoup de places vides. Le moyen le plus sûr de semer également est d’incorporer la graine avec un sable un peu gras & humide ; elle s’y colle, y reste adhérente, lorsqu’on le jette sur le champ, & est semée également. Si la gaude est semée trop clair, & dans un terrain bien substantiel, elle devient branchue, & ce qu’on appelle grasse : alors elle n’est plus aussi avantageuse aux teinturiers, qui préféreroient avec raison la gaude sauvage à la gaude cultivée, si on pouvoit en fournir la quantité qu’ils consomment ; la meilleure gaude est celle qui n’a qu’un seul brin. Cette graine demande à être peu enterrée : si elle l’est trop, elle ne germera pas ; mais lorsque l’on labourera de nouveau cette terre, elle pullulera de toute part & souvent. Le blé une fois semé, il en sortira encore assez pour l’affamer, si on ne le sarcle pas rigoureusement. Les labours une fois donnés, on passe la herse sur le dos, c’est-à-dire, les dents tournées contre le ciel, afin d’égaliser le terrain ; on sème & on passe ensuite sur ce sol, & à plusieurs reprises, des fagots attachés les uns aux autres. Cette opération suffit.

III. Des soins d’une gaudière. Tout le travail se réduit à purger le sol des mauvaises herbes, à regarnir les places vides, & à dégarnir celles où les plantes sont trop épaisses. Le sarclage doit être fait avant & après l’hiver ; l’époque des semailles le décide. Si on a semé dans le mois d’octobre, il est clair qu’à la fin de l’hiver, les graines qui auront dû germer seront hors de terre ; on reconnoîtra alors les endroits trop fourrés ou trop dégarnis ; on tirera de l’un pour regarnir l’autre. Il faut, pour la seconde opération, choisir un temps humide, afin d’enlever plus facilement la jeune plante avec son pivot, sans le rompre, & disposé à la pluie, pour que la plante reprenne plus facilement. La même opération peut avoir lieu avant l’hiver ; cependant elle n’est pas aussi sûre, à cause que la plante peut être surprise par la gelée avant qu’elle ait le temps de reprendre. Un homme armé d’une cheville regarnit les places vides, & espace chaque plante à la distance de trois à quatre pouces au plus : il observe la même distance pour dégarnir.

IV. De la récolte. Elle dépend, & de l’époque à laquelle on a semé, & de la constitution de l’année & des pays que l’on habite, ainsi je