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mot Taille, nous ferons connoître leur utilité & la manière de les conduire.


GOURME, Médecine Vétérinaire. Quelques auteurs ont comparé la gourme des chevaux à la petite vérole des hommes. Si elles ont l’une & l’autre quelqu’analogie, c’est comme l’observe très-bien M. Bourgelat, par la régularité avec laquelle la première affecte la plupart des chevaux, & la seconde, la plupart des hommes ; on peut encore ajouter, c’est aussi parce qu’elles arrivent communément dans le premier âge, & enfin, parce que leur terminaison est également l’ouvrage de la nature.

Les causes de la gourme sont aussi inconnues que celles de la petite vérole. Si nous l’envisageons, a l’exemple de plusieurs médecins célèbres, comme une fièvre inflammatoire, ou comme une espèce de levain qui se mêle avec le sang au moment de la conception de l’animal, ou comme un virus existant dans la masse ; c’est parler vaguement & convenir des ténèbres dans lesquelles on est plongé à cet égard.

On lit dans Aristote, que les chevaux qui vivent en troupe dans les bois sont exempts de la gourme. M. de Garsault l’attribue à la qualité de la terre & à la température de l’air ; il prétend que dans les pays froids les herbes sont trop humides & trop nourrissantes pour le poulain, & qu’une pareille nourriture, prise dans un terrain humide & gras, & sur lequel le jeune animal, souvent exposé aux injures du temps & à des pluies extrêmement froides, trouve des verglas & de la rosée, peut donner origine à cette maladie. M. de Soleysel avance que dans les pays chauds les chevaux ne sont pas sujets à la gourme.

Il résulte des recherches les plus exactes faites par les gens de l’art, que dans les pays montagneux, le fourrage n’est pas trop nourrissant ; que la terre n’y est ni trop humide ni trop grasse ; que des poulains nourris au sec & tenus dans des écuries à l’abri des verglas & des temps froids & rigoureux, & que ceux qui habitent le midi & le nord de l’Europe, ne jettent pas moins leur gourme ; ce qui prouve d’un côté les allégations de M. de Soleysel, & de l’autre, tout ce que M. de Garsault a imaginé sur les causes productives de la maladie dont il s’agit. Nous avouerons qu’il est infiniment plus avantageux aux progrès de la médecine vétérinaire de confesser notre ignorance sur certains points, que de faire parade de systèmes, & que de vouloir expliquer des mystères qui nous sont voilés. Arrêtons-nous donc seulement à la description des signes & du traitement de la maladie qui fait ici notre objet.

Les chevaux, depuis l’âge de deux ans jusqu’à l’âge de quatre & quelquefois de cinq sont sujets à la gourme, elle se fait jour de trois manières : 1°. par un écoulement d’une humeur visqueuse, gluante & blanchâtre qui flue par les naseaux ; 2°. par l’engorgement des glandes lymphatiques de dessous la ganache, & quelquefois des glandes parotides appelées par les maréchaux avives, (voyez ce mot) qui tombent en suppuration ; 3°. par des dépôts qui