Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/395

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qui ravagea le pays de Toul, le 11 juillet, il est à remarquer qu’il commença par quelques coups de tonnerre qui paroissoient éloignés : immédiatement après, ajoute l’historien, tomba une grêle monstrueuse par sa grosseur.

Je me contenterai d’ajouter ici le détail d’un orage observé à Paris par M. Adanson, le 7 Juillet 1769. « L’orage s’annonça, dit-il, par de grosses gouttes de pluie très-écartées, accompagnées d’éclairs & de coups de tonnerre assez forts & assez fréquens. À ce prélude succéda une pluie forte, mêlée de grêle, & chassée par un vent d’ouest assez fort, &c. » On peut facilement remarquer, dans ce dernier exemple, qu’il s’étoit bien fait un mouvement violent dans la nuée, puisqu’il tomba de grosses gouttes écartées ; mais ce mouvement n’avoit pas été produit par une décharge électrique, & la grêle ne commença à se manifester, que quand elle eut été occasionnée par l’évaporation électrique, nécessaire à la congélation de ces grosses gouttes.

5o. La grêle, ainsi que la pluie, redouble après & à chaque coup de tonnerre. Cet effet n’a pas besoin d’explication après tout ce que nous avons dit.

6o. La figure de la grêle varie beaucoup, mais on peut la réduire à ces deux-ci : des cubes arrondis, & des parallélépipèdes & polyèdres irréguliers. Les gouttes d’eau sont ordinairement rondes, mais en tombant elles s’allongent & forment des ellipses ou des sphères aplaties à la partie inférieure & sur les côtés. St elles se glacent dans cette forme, on aura des espèces de sphères aplaties en différens sens, ou plutôt des cubes presque ronds. Dans leurs chutes, ces glaçons se choquent & se brisent. Si plusieurs ensemble se touchent & ayant même poids tombent uniformément ensemble, ils se collent les uns contre les autres, & l’on aura ces polyèdres irréguliers de différentes grosseurs, armés d’une espèce de nervure[1] formée par l’assemblage d’autres grêlons plus petits qui y adhèrent. Ces brisemens & ces agrégations en mille & mille manières, forment cette variété de figures que l’on remarque dans la grêle. Ne peut-on pas ajouter que la forme de la cristallisation de la glace, étant des aiguilles alongées, la grêle doit nécessairement offrir des surfaces planes, longues ou cubiques, plutôt que des surfaces rondes ?

7o. Elle tombe presque toujours avec la pluie lorsqu’elle est petite, mais lorsqu’elle es grosse, elle la précède toujours. Si la quantité d’électricité communiquée d’un nuage à un autre n’est pas trop abondante, le fluide électrique ne se répandra pas dans toute la masse du nuage ; les gouttes seront petites, il y aura peu d’évaporation & la pesanteur spécifique des grains de grêles & des gouttes de pluie étant presque la même, ils tomberont tous à la fois ; mais si la détonation a été violente, les gouttes très-grosses, l’évaporation vive, il se formera de gros glaçons qui, par leur poids, acquerront un mouvement très-accéléré dans leur chute,

  1. Voyez l’Histoire de l’Académie, 1753, page 74.