Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/413

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consulter les ouvrages des deux auteurs déjà cités, ceux de MM. de Réaumur, de Swamerdam, de Redi, Valmont de Bomare, &c. Nous nous contentons de dire que les guêpes qui vivent en société, sont, 1°. les aériennes qui établissent leur petit guêpier contre les feuilles ou les branches d’un arbre. Chaque guêpier est l’ouvrage d’une seule. 2°. Celle des frelons qui se logent dans les troncs d’arbres, dans les greniers, & dont les guêpiers acquièrent un volume considérable. 3°. Les souterraines qui vivent sous terre. Plusieurs espèces vivent solitaires ; &, de ce nombre, une des plus nuisibles est la guêpe charpentiere, ainsi nommée, parce qu’elle dépose ses œufs, ou sous l’écorce des arbres sur pied, ou dans l’intérieur des poutres de charpente.

Un auteur, d’ailleurs très-estimable, s’écarte de la vraisemblance au sujet des guêpes. « Ces animaux, dit-il, pondent leurs œufs, vers la fin de l’été, sous la surface du sol, d’où sortent des vers épais, montés sur six pattes, qui, après un certain temps, acquièrent des ailes, & paroissent sous la véritable forme des guêpes. Tandis que cet insecte est encore ver, il ronge les racines des herbes & des blés, & fait quelquefois dans une récolte un ravage horrible : il attaque toutes les espèces de grains & de légumes. Le même auteur conseille, pour les détruire, de porter sur le champ de la paille mouillée, & de l’y brûler avant de répandre la semence ».

De tels vers, rongeurs des racines & destructeurs des récoltes, n’appartiennent point aux guêpes souterraines, puisque, tant que celles-ci sont dans leur premier état de ver, elles trouvent, comme l’abeille, dans l’alvéole où l’œuf a été déposé, & où il est éclos, la quantité précise & nécessaire de miel, jusqu’au moment de son passage de l’état de ver à celui de chrysalide. Enfin, la guêpe souterraine ne sort de son alvéole que dans l’état d’insecte parfait, c’est-à dire, armé d’ailes. Voilà l’époque à laquelle vont commencer ses ravages.

Fruits, chair, substances farineuses, & presque tout, en un mot, sert à la voracité de ces insectes, & ne la satisfait qu’imparfaitement. Il ne faut pas croire cependant que chaque individu consomme ce qu’il emporte ; il partage sa proie avec les guêpes de l’intérieur, mais les guêpes ne font pas des provisions, à l’exemple des abeilles. C’est par les guêpes pourvoyeuses pour celles qui vivent en société, ou par les solitaires, que les fruits commencent à être attaqués ; la fourmi (voyez ce mot) survient, afin de profiter du dégât déjà commencé, & on accuse à tort ce vigilant insecte du principe du mal.

Y a-t-il des moyens de détruire les guêpes ? S’il en existe, ils sont peu utiles, quoiqu’on les ait indiqués comme assurés. Le seul efficace est de détruire les guêpiers aériens, ce qui est facile en visitant souvent les arbres ; de fermer, avec du plâtre ou du mortier, les ouvertures par lesquelles les guêpes entrent & se logent dans les cavités des murs, des troncs d’arbres ; de brûler de la paille à l’ouverture des guêpiers souterrains : ces expédiens supposent que l’on connoît la demeure de ces insectes : c’est couper le mal par la racine ; mais il faut connoître cette