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de l’intérieur du royaume qui sont plus tempérées ; aussi ces insectes pendant la grande chaleur du jour, sont tranquilles & tapis à l’ombre des feuilles, & si on secoue l’arbre ils tombent avec pesanteur ; la même chose a lieu lorsqu’il fait froid. Il n’en est pas de même vers le soleil couchant d’un beau jour ; pour peu qu’on agite l’arbre, ils déploient leurs ailes en tombant & s’envolent.

Les paysans pronostiquent l’abondance des récoltes sur la multiplicité apparente des hannetons. On voit combien ce raisonnement porte à faux. Il est inutile d’insister pour le combattre.

Les dégâts causés par des hannetons, sont inappréciables, & on peut regarder ces insectes comme de véritables fléaux. J’ai vu, dans certaines années, les arbres & les vignes dépouillés de leurs feuilles, dans un temps où les feuilles (voyez ce mot) sont si nécessaires à l’accroissement du bouton dont elles sont les nourrices, & qui doit donner les bourgeons l’année suivante. L’amertume, le goût & l’odeur désagréable du noyer même ne mettent pas cet arbre à l’abri de leur voracité. On voit rarement les arbres se charger de fruit dans l’année qui suit celle de la dévastation de leurs feuilles. Passe encore si le mal se terminoit avec leur vie, mais ils sont terribles pendant quatre années sous la forme de ver. Malheur au jardin potager ou fruitier où ce ver est multiplié ! il coupe & dévore les racines des plantes, des arbres ; & ils dessèchent sur pied. On ne peut pas, comme le taupe-grillon, (voyez ce mot), l’attaquer dans sa retraite & le détruire avec une goutte d’huile, ainsi qu’il sera dit, parce que ses galeries ne percent pas jusqu’au jour. C’est donc dans l’état de hanneton qu’il faut lui faire guerre ; mais il faut qu’elle soit générale dans tout le canton, sans quoi elle est inutile. (Voyez ce qui a été dit au mot Gribouri). Cependant, dès qu’on s’aperçoit qu’un arbre, auparavant bien portant, commence à jaunir, à se dessécher, si on veut le conserver, c’est de faire creuser tout autour des racines & d’y chercher l’insecte rongeur. Avec des soins, l’arbre peut se remettre.

Quelques auteurs ont conseillé, pour détruire les hannetons perchés sur les arbres, de les enfumer ; opération inutile & qui en attire le lendemain un plus grand nombre. Le seul moyen est de secouer l’arbre, s’il n’est pas trop gros, ou d’en gauler les branches comme lorsqu’on abbat des noix, & de choisir pour cette opération, depuis dix heures du matin jusqu’à deux de l’après-midi, par le gros soleil ; de rassembler dans un sac les hannetons à mesure qu’ils tombent, & de les jetter au feu. Cependant, si on a des canards, des dindes & des poules, il vaut mieux les leur donner, en petit nombre, à la fois, & au gros soleil ; sur le soir ils s’envoleraient. Cette nourriture les excite à pondre & les engraisse. Ils engraissent également les cochons.

D’autres auteurs ont conseillé de répandre de la suie entre deux terres, (à quoi serviroit-elle, dans la supposition qu’elle fût de quelque utilité aux racines des arbres), à deux ou trois pieds de profondeur il faudroit donc creuser la terre à