Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/512

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les ponts qui demandent un bois droit & uni, parce que ce bois quand il est sec devient cassant & ne peut plus être courbé. Les charpentiers s’en servent pour les parois des granges, des chambres, des aires à battre le blé, pour les parquets, & principalement pour les moulins & autres ouvrages dans l’eau, attendu qu’il s’y conserve cent ans. »

» Les menuisiers, les ébénistes le consomment pour les tables, ais, planches, meubles, &c »

» Le bois de hêtre blanc s’emploie à faire des vis, des rouleaux, des calendres, des treuils, des pilons, des presses, des guéridons, des colliers, des jougs, des hottes, des instrumens de labourage, des bois de lits, des baquets, &c ; enfin il n’y a point de bois d’un usage & d’un service plus étendu dans l’économie ; jusqu’à ses coupeaux sont utiles à la clarification du vin ».

» En Angleterre on ramasse les feuilles du hêtre avant les gelées lors de leur chute, & le peuple en remplit les gardes-pailles des lits ».

» M. d’Ellis publia un Traité de la préparation du bois de hêtre pour la charpente, dont voici le précis. Il y a quatre méthodes ».

» La première consiste à faire perdre à ce bois les principes de sa sève, & à l’en dépouiller autant que faire se peut. Aussitôt que l’arbre est scié en planches, on les jette dans l’eau d’un étang ou d’une rivière, où elles restent pendant quatre mois consécutifs & on les laisse ensuite bien sécher avant de les mettre en œuvre. Ellis dit qu’un charpentier, suivant l’ancienne méthode, fit abattre des hêtres en hiver & les laissa deux ans sur place jusqu’à ce que le bois devint madré ; ensuite il les fit mettre en planches qu’il laissa tremper dans l’eau fraîche : de cette manière, il eut des planches qui restèrent trente ans sans être attaquées des vers ».

» La seconde méthode a lieu à l’égard des hêtres dont le tronc n’a que douze à quatorze pouces de diamètre. On commence par équarrir & travailler les pièces, & leur donner toute la façon qu’elles doivent avoir ; ensuite on en couche quatre, cinq ou six serrées à côté l’une de l’autre, & on en affermit les extrémités. Elles doivent être à un bon pied & plus au-dessus de terre. L’on met par dessous de la paille, des copeaux de bois, de la broussaille, &c., avec quoi on les flambe de tous les côtés, jusqu’à ce qu’il se forme une légère croûte noire par dessus. Ellis ajoute que le capitaine Cumberland se contentoit de mettre dans du sable chaud les pièces destinées à la construction des vaisseaux ».

« La troisième, meilleure que les précédentes, consiste à couper les arbres quinze jours environ avant la Pentecôte, lorsqu’ils sont en pleine sève, au lieu de les couper en hiver, suivant la pratique ordinaire. L’été opère une grande dessiccation. L’expérience a démontré que le premier se conserve plus long-temps que le second ».

» Par la quatrième, on coupe l’arbre dans sa sève, on le travaille aussitôt, on le débite suivant l’usage qu’on veut en faire, & on laisse le tout dans l’eau pendant environ l’espace d’un mois ; après ce temps on l’en retire & on le laisse