Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/606

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pète, je ne vois pas de meilleur expédient que de tirer à clair l’huile avant d’en remplir les jarres, les piles, les coffres, les barriques, de soutirer l’huile aussitôt qu’elle est défigée au printemps suivant, car dès que les chaleurs se feront sentir, le mucilage travaillera avec force, & communiquera sa mauvaise odeur à l’huile, &c. Si on craint de multiplier les manipulations, on peut laisser figer l’huile lorsqu’elle vient du moulin, & quand elle est parfaitement prise, la lever avec de grandes cuillers, & la jeter ainsi dans d’autres vases lavés rigoureusement avec les lessives indiquées dans le second Chapitre.

Un second défaut aussi essentiel que le premier, tient au couvercle placé sur les vaisseaux. Si l’huile, dans un tube fermé avec un bouchon de liège, laisse évaporer son air de combinaison, si elle précipite plus de mucilage, si elle prend plutôt un goût de fort que celle du tube bouché avec de la cire molle, ou fermé exactement au chalumeau, on doit nécessairement conclure qu’elle se détériorera bien plus promptement, bien plus fortement dans des vaisseaux dont le couvercle sert tout au plus à garantir le fluide de la grosse poussière, & qui laisse une communication directe entre l’huile & l’air de l’atmosphère ; enfin, cette huile éprouve toutes les variations de l’atmosphère ; & l’on sait que la chaleur dilate les fluides, que le froid les resserre, en un mot, qu’il les tient dans une agitation perpétuelle, & que de cette agitation dépend la plus prompte altération & décomposition des fluides aussi composés que le sont les huiles, L’expérience prouve que plus l’huile est tenue dans des vaisseaux bien bouchés & dans des caves fraîches, (voyez ce mot) & peu susceptibles des variations de l’atmosphère, mieux elle se conserve. Une expérience bien simple va encore le prouver. Prenez une bouteille de verre très-nette, remplissez-la d’huile bien faite & soutirée à propos ; bouchez-la exactement ; enfin, plongez la dans un puits très-profond, & vous verrez, après quatre ou cinq ans, que sa qualité n’aura pas diminué. À moins que l’huile ne reste constamment figée dans les caves pendant toute l’année, si on veut la conserver bonne pendant deux ans, il faut la soutirer avant & après l’hiver, bien laver les vaisseaux qui doivent les recevoir, & les boucher ensuite avec le plus grand soin. On observera chaque fois de mettre à part la couche d’huile la plus voisine du marc. Le marc ne peut servir que pour la lampe. Si on veut procéder avec la plus grande attention & telle que la qualité de l’huile le demande, on fera bien, à chaque soutirage, de battre l’huile avec de l’eau claire, qui s’appropriera le mucilage restant. On laissera reposer le tout pendant quelques heures, & après la séparation des deux substances incompatibles dans cet état l’une avec l’autre, on lèvera l’huile ; l’eau sera plus ou moins laiteuse, suivant la quantité de mucilage qu’elle aura dissout.


Section III.

Des causes de la rancidité de l’Huile & des moyens de la corriger.


Il est moins difficile de traiter cet