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peut donner l’expression de trente à cinquante ; le vin d’eupatoire, les baies de genièvre, les cendres de genêt, qui ont guéri le Maréchal de Saxe ; mais ils ne conviennent pas dans le cas de fièvre forte, parce qu’ils sont susceptibles de produire l’inflammation.

Les diaphoréques & les sudorifiques opèrent très-difficilement l’excrétion des sueurs, s’ils ne sont noyés dans une ample boisson ; leur emploi ne convient que lorsque hydropisie dépend de la répercussion des exanthèmes, de la gale, ou des dartres : il vaut encore mieux les rappeler par des vésicatoires qu’on appliquera sur le bas-ventre, & encore mieux sur la partie qui en étoit affectée. Mais pour cela il ne faut point attendre le dernier moment ; il faut y avoir recours avant que les forces du malade soient affaiblies, & que les eaux épanchées n’aient contracté un certain degré d’âcreté & de putréfaction ; dans cet état la plaie deviendroit gangreneuse : pour l’éviter il faudroit la panser avec de la thériaque.

Rien au monde n’est plus propre à exciter la transpiration, que les frictions sèches sur la peau. En irritant cet organe, on détermine sur sa surface une abondance d’humeurs de la transpiration, qui étoient répercutées. Les fleurs de coquelicot, de scabieuse, le chardon-béni, l’antimoine diaphorétique, sont aussi des remèdes excellens. Un remède qui réussit assez généralement, est une cuillerée d’esprit de mindererus dans un verre de petit lait ; il faut le prendre trois ou quatre fois par jour : si tous ces remèdes sont infructueux & n’opèrent aucun bien, on vient à l’opération de la paracentèse, qu’il faut pratiquer de bonne heure. Le peu de succès qu’on en obtient souvent ne doit être attribué qu’au peu de célérité qu’on met à la pratiquer. Cette opération souvent répétée a fait vivre long-temps des malades ; elle peut être même un moyen curatif. On ne doit la faire qu’après s’être assuré de l’existence des eaux. Le contre-coup est un signe insuffisant, & il n’a pas lieu lorsque le ventre est trop tendu. Le sentiment de fluctuation qu’éprouve le malade, est le signe le plus certain.

Quand on est parvenu avec le trocar dans la capacité du bas-ventre, il ne faut point évacuer toutes les eaux en une seule fois ; il faut le faire avec gradation, & à petites reprises, afin d’eviter les foiblesses & les sueurs froides qui surviendroient à coup sûr, & qui, d’après Mead, ne sont dues qu’à l’abaissement subit du diaphragme, au grand changement qu’éprouve la machine, & à la grande circulation dans le bas-ventre. On doit encore y obvier en serrant le ventre à proportion qu’il se désemplit ; cette méthode, toute prudente qu’elle paroisse, ne laisse pas d’entraîner après elle des inconvéniens, & d’être pernicieuse, en ce qu’il se fait des agglutinations dans les viscères du bas-ventre, qui ne sont d’abord que mucilagineuses, & qui s’organisent.

2°. Pour rétablir les forces de la constitution, on emploiera avec réserve les amers & les aromatiques, sans jamais perdre de vue l’âge des malades ; un des meilleurs toniques est la rôtie au vin. Il faut néanmoins combiner les évacuans avec les toniques ; mais les évacuans doivent dominer sur