Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1784, tome 5.djvu/681

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l’état affreux de la première. Nous nous plaignons que les bras manquent, & nous voulons encore en augmenter la disette ! Encore une fois, c’est folie. Cultivons mieux ce dont nous jouissons ; voilà le principe de la vraie richesse. Pères de famille, semez, plantez des bois ; de toutes les spéculations d’agriculture, c’est celle que le luxe rendra le plus lucrative.

L’habitant des campagnes est rarement dans le cas de faire des avances ; les impositions qui pèsent sur lui, l’éducation & l’entretien de sa famille, soutirent peu à peu le plus clair de ses revenus ; une mauvaise année l’arrière pour plusieurs ; ainsi les grandes entreprises en bois ne sont pas à sa portée ; c’est aux gens de main-morte à y penser, & il seroit sans doute avantageux, pour eux & pour l’état, qu’ils fussent obligés de boiser chaque année une certaine étendue de terrain inculte. Il est tel, ou à cause de son éloignement, ou par rapport à la difficulté des chemins, ou enfin par le peu de qualité du sol.


INDIGÈNE. Se dit des plantes qui croissent naturellement dans un pays, & on appelle exotiques, celles qui sont transportées d’ailleurs. La pomme, la poire, la prune sauvage, sont indigènes à la France : ainsi la cerise, le pêcher, l’abricotier, l’amandier, le grenadier, le figuier, le jujubier, l’oranger, le citronnier, &c., lui sont étrangers. Si on veut distinguer une plante indigène de celle qui ne l’est pas, il suffit d’examiner si le froid la fait périr, parce que la nature n’a mis dans chaque climat que les plantes susceptibles d’en supporter la température. L’art a naturalisé plusieurs plantes étrangères, mais elles périssent dès qu’elles souffrent un degré de chaleur ou de froid beaucoup plus considérable que dans leur pays natal.


INDIGESTION, Médecine Rurale. C’est un défaut de coction des alimens dans l’estomac ; cette incommodité survient pour l’ordinaire à la suite de quelque excès commis dans le boire & le manger.

Les tempéramens les plus forts n’en sont pas exempts. Les personnes foibles & délicates y sont plus exposées, & éprouvent très-fréquemment cette maladie.

L’indigestion peut être grave ou légère. Cette dernière n’est jamais dangereuse, & cède presque toujours à une ample boisson d’eau chaude. La première au contraire expose aux plus grands dangers de perdre la vie, ceux qui en sont attaqués, & l’on voit très-souvent des gens mourir presque subitement d’une forte indigestion, sans avoir le temps de leur donner les moindres secours. L’indigestion légère s’annonce toujours par des maux de tête, un pouls petit, foible & lent, & parfois entrecoupé par des rapports d’un goût d’œuf pourri, par le hoquet, par des maux de cœur, des défaillances & des nausées : peu de temps après le vomissement survient ; quelquefois les malades, ne peuvent rejeter par la bouche les matières indigestes qui surchargent l’estomac. C’est alors que les douleurs de colique se font violemment sentir ; elles sont pour l’ordinaire l’annonce d’un cours de ventre, qui ne tarde