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2°. Du niveau de pente. Il peut être général, ou partiel, ce qui dépend de la position du jardin. J’appelle niveau général, lorsque le sol est sur le même plan, & partiel, lorsqu’il y a des inégalités, du bas, du haut ; mais jamais ce dernier aussi élevé que le point d’où l’on distribue les eaux. Ainsi, il y aura autant de niveaux partiels qu’il y aura de surfaces irrégulières, relativement à la surface générale.

Avec un pied de pente sur cent toises, on a ce qu’il faut. Cette donnée peut servir de règle. À six pouces la pente n’est pas assez forte ; au-delà de douze, elle est trop rapide. Cependant il convient d’observer que plus le but est éloigné du réservoir ou du point de partage dans les divisions, & plus il faut augmenter le niveau de pente, afin d’accélérer la rapidité de l’eau, & perdre moins de temps à arroser. À 100 toises, 18 à 20 pouces suffisent ; à 400 toises, 3 pieds, & ces proportions ne sont pas scrupuleusement suivies par ceux qui aiment à expédier le travail ; mais alors l’eau coule trop vite, dégrade & creuse les maîtresses rigoles.

Lorsqu’on n’a pas l’habitude de niveler le terrain au simple coup d’œil, il faut alors prendre un arpenteur, ou telle autre personne, qui sache manier & se servir de l’instrument appelé Niveau d’eau, au moyen duquel il piquete de distance en distance, & les piquets indiquent à quelle hauteur on doit rabaisser ou relever la surface du sol. Si l’on peut donner un niveau de pente général pour tout le jardin, l’opération sera beaucoup plutôt & plus sûrement faite & sera plus utile, parce qu’à l’extrémité de la pente générale, on ménagera un dégorgeoir, par lequel les eaux surabondantes de l’irrigation, & sur-tout des pluies d’orage, auront la facilité de s’échapper. Sans cette précaution, l’eau surcharge les carreaux ; & si les pluies sont de longue durée, elles font pourrir beaucoup de plantes. Avec de telles précautions, on donne autant & aussi peu d’eau qu’on le désire, & il n’y en a jamais de superflue.

Si on est forcé d’avoir des niveaux partiels, l’eau y sera conduite par une mère rigole, & si le besoin l’exige pour la communication, on élèvera de petits aqueducs de communication. Il est possible, de cette manière, de porter l’eau à la distance la plus éloignée. Les jardiniers de profession n’ont pas besoin d’instrumens pour juger d’un niveau ; l’habitude de voir & de comparer, a été leur maître ; d’ailleurs, ils ont entre leurs mains le meilleur niveau possible, l’eau. Ils élèvent ou abaissent le sol, suivant le besoin, mais rarement ils sont dans le cas de tâtonner ; leur justesse & leur précision dans le coup-d’œil m’a étonné plus d’une fois.

Il ne faut pas s’imaginer que par le secours d’une pompe, de l’eau tirée à bras d’homme, d’un puits, suffise à une semblable irrigation, à moins que le jardin ne soit très-petit. Il est indispensable d’avoir un puits à chappelet ou noria, (voyez ces mots), inventé par les Arabes. Le chapelet formé par une suite de pots en terre ou en bois, tourne sur une roue, & la roue est mise en mouvement par un mulet ou un cheval : au mot Noria. j’en donnerai la description.

Cette manière d’arroser, dans nos