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davantage ; le feu qui circule dans leurs veines subsiste long-temps, & il s’anime de plus en plus, à mesure que le froid veut le détruire, jusqu’à ce que l’aliment qui le nourrit & le soutient soit totalement épuisé. (Voy. le mot Chaleur).


Section III.

Du froid considéré par rapport à l’économie végétale.


Le froid paroît agir différemment sur les individus du règne végétal. Les plantes & les arbres ne sont pas également victimes de ses rigueurs, & il en est un très-grand nombre qui résistent aux froids les plus rigoureux & les plus long-temps continués. Il n’y a presque que les plantes tendres qui périssent du froid, encore faut-il convenir que ce ne sont que les annuelles ; car les bisannuelles & les vivaces semblent défier les frimats. Si elles perdent quelques feuilles & quelques branches, le tronc & la tige restent intacts, la végétation se soutient, & les bourgeons répandus çà & là, semblent n’attendre que la douce influence de la première chaleur du printemps pour se développer & s’épanouir. Les animaux périssent à un degré de froid bien inférieur à celui qui est nécessaire pour faire périr un arbre. Quand le froid l’affecte enfin au point de le faire fendre, cette fente n’est qu’une maladie locale, la végétation n’en continue pas moins ses effets. On a vu, à la vérité, dans certaines années, des espèces entières d’arbres périr par les gelées, comme il est arrivé aux figuiers, aux orangers dans certains hivers ; la rigueur du froid a été plutôt cause de leur mort que sa longueur, & il leur est arrivé ce qui leur arriveroit nécessairement si on les transplantoit dans un climat dont la température ne leur conviendroit pas. Je croirois assez volontiers qu’une plante, un arbre, ne gèlent que lorsque la gelée a pénétré la terre assez profondément pour pouvoir attaquer les principales racines ; jusque-là la plante ne périt pas entièrement par le froid, & il ne lui faut que le printemps pour reprendre sa force & sa vigueur. Cette idée sera mise dans son jour au mot Végétation, où nous examinerons encore la cause qui s’oppose si opiniâtrement à la gelée entière des sucs qui circulent dans l’intérieur de l’arbre. (Voyez le mot Végétation, ainsi que celui de Chaleur, Section V, & celui de Gelée.) M. M.


SUPPLÉMENT au mot Froment, Article de sa Conservation dans les Greniers, page 162.


Un particulier très-digne de foi m’a assuré qu’à Mossac, où l’on fabrique la farine de minot pour les isles, on employoit le procédé suivant pour se débarrasser du papillon de la fausse teigne, à mesure qu’il sort du grain de blé. Les fenêtres des greniers sont fermées par des grilles en fer & à mailles serrées, afin que les oiseaux du dehors ne puissent pas entrer.

Au printemps, on prend avec des filets, l’oiseau appelé bergeronnette (motacilla verna) ; au mois