Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/485

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sur les roses & sur les lys, &c. Les fleurs se fanent & tombent, lorsqu’elles ne sont plus d’aucun usage au germe ou au fruit naissant, qu’elles ont défendu & nourri d’un suc plus délicat & plus épuré. Lorsque ce petit fruit est parvenu au point de recevoir plus abondamment la sève ordinaire ; ce que les jardiniers appellent fruit noué, les fleurs disparoissent. N’est-il pas évident que les squelettes des fleurs & des calices seroient au moins persistans, s’ils avoient fait corps avec l’ensemble des parties de la fructification, ce qu’on observe rarement ? J’en dis autant des pédicules qui soutiennent les fleurs, les calices & les fruits ; ils dont à cet égard comparables aux pétioles des feuilles, c’est-à-dire, qu’ils sont tous articulés ».

« Je rangerai encore parmi les pièces articulées des végétaux, les fruits & les graines qui se détachent spontanément dans leur état de maturité ; quelques capsules s’ouvrent avec éclat & une sorte d’explosion qui punit la curiosité de ceux qui y regardent de trop près. Tels sont les fruits du concombre sauvage, des pommes de merveille, des balsamines ».

« Les jointures les plus admirables sont celles qui en ont le moins l’apparence ; je veux dire les valvules des noyaux, ou les os des fruits à noyaux, comme la pêche, l’abricot, &c., qui sont si intimement unies, qu’il faut employer la plus grande force pour les séparer ; encore les casse-t-on plutôt qu’on ne les disjoint, tandis que cette forte connexion cède naturellement au gonflement de l’amande, & au développement des cotylédons qui séparent proprement les deux coques à l’endroit de leur jointure. Quelle que soit cette force expansive, ces coques s’ouvrent aussi facilement dans la terre, qu’une coquille d’huître par la volonté de l’animal. La même chose s’observe, avec quelque différence cependant, dans les gousses, dans les siliques, dans les légumes : la déhiscence se fait sans effort, lorsqu’elles sont au point de la maturité. Je ne finirois point sur cet article, s’il ne me restoit à parler de quelques articulations qui sont plus visibles dans les tiges de certaines plantes, soit annuelles, soit vivaces, telles que dans la queue de cheval, dans les graminées, &c. Il n’y a pas de doute sur l’articulation des premiers ; c’est une suite de gomphoses qui représente au mieux les dents enchâssées dans leurs alvéoles. L’hippuris vulgaris est à peu-près articulé de même : on le désarticule avec bruit. Quant aux tiges des graminées qui sont noueuses, on n’a pas fait de difficulté de les appeller de tout temps des gramens articulés : les roseaux se prêtent à la même comparaison »,

» Enfin, j’ai remarqué que la belle-de-nuit ne semble être formée qu’avec des pièces de rapport. Quand cette plante est sur le point de se faner, & qu’elle est sur-tout touchée des premières gelées, on en sépare, avec la plus grande facilité, les feuilles, les branches & les tiges ; on divise même ces dernières en plusieurs pièces, comme on feroit d’une colonne vertébrale, ou comme des os de nos mains. Plusieurs plantes grasses sont dans le même cas : le guy, en se séchant, se sépare aussi pièce à pièce ; ses feuilles, ses fruits, ses branches, se déboîtent comme une machine qui ne tient que par artifice ».