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le cas que la rigueur de la saison ou la trop longue soustraction de l’air & de la lumière fissent périr les premiers. Ce n’est que par un art soutenu qu’il est possible, dans cette saison rigoureuse, de conserver & d’avancer les plants. Dès que les réchauds ne maintiennent plus une chaleur convenable à la première couche, on en dresse une seconde à l’instar de la première, sur laquelle on transporte les vases ou les plants semés dans la terre. Si les froids sont prolongés, si cette seconde ne suffit pas, on travaille à une troisième, & à une quatrième au besoin, comme pour les deux premières. Enfin, il faut que ces couches conduisent les plantes jusqu’au milieu de mars environ. Si on a employé à la forme des premières couches, le tan, les feuilles de bruyères, ainsi qu’il a été dit aux mots Couches & Chassis, il est rare qu’on soit obligé de recourir à une troisième, parce que ces substances ne commencent à acquérir la chaleur, que lorsque le fumier de litière perd la sienne : ainsi ce mélange la soutient bien plus long-temps.

IV. De la dernière couche ou à demeure. Elle sera, comme les premières, haute seulement de deux pieds après le fumier battu, & couverte de dix à douze pouces de terreau bien substanciel. Si on croit avoir encore besoin des réchauds, ils doivent être faits en même temps, & renouvellés au besoin. Lorsque le grand feu sera passé, & que la couche n’aura plus que la chaleur convenable, sur une telle couche de douze pieds de longueur on établit quatre pieds de melons, nombre très-suffisant pour garnir dans la suite toute la superficie ; en les plaçant en échiquier, il en entrera un bien plus grand nombre, quoique tous également à trois pieds de distance ; mais il y aura confusion dans les branches. Les plants dans des vases sont renversés sur la main, sans déranger en aucune sorte les racines. Plusieurs cultivateurs détruisent les petits chevelus blancs qui ont circulé autour du vase entre la terre & lui, & ils ont le plus grand tort : ces petits chevelus, bien ménagés, deviendront de belles racines qui aideront beaucoup à la végétation du pied. Il convient donc de l’étendre doucement dans la petite fosse ouverte & destinée à recevoir la morte, & elle sera un peu plus enterrée dans la couche qu’elle ne l’étoit dans le vase, c’est-à-dire, de neuf à douze lignes, suivant la force du pied. Après l’opération, on régale la terre, & l’on donne un léger arrosement, afin d’unir la terre de la couche avec celle de la motte, en prenant soin de ne pas mouiller les feuilles, crainte de rouille. La surface de la couche doit être inclinée au midi, afin qu’elle reçoive mieux les rayons du soleil. On place ensuite les cloches, que l’on tient plus ou moins ouvertes, suivant l’état de la saison. Lorsqu’elle sera trop chaude, on les couvrira avec de la paille & des paillassons pendant les heures les plus chaudes de la journée ; le plant seroit brûlé sans cette précaution.

V. De la conduite des jeunes planes. Ils ne tardent pas à pousser des bras, & ces bras se chargent de fleurs mâles que l’on nomme communément fausses fleurs, & que beaucoup de jardiniers détruisent impitoyablement Pourquoi ne détruisent-ils pas également celles de leurs courges,