Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1785, tome 6.djvu/523

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

supprimer le nombre en raison de la vigueur des premiers ; si on en retranche trop, il monte dans le fruit une sève mal élaborée : le trop & le trop peu sont nuisibles à sa perfection.

Afin de donner de la qualité & une qualité égale à toutes les parties du melon, les uns placent au-dessous de chaque melon une tuile, ou une brique, ou une ardoise, &c., & une feuille entre le fruit & la brique, & tous les huit jours ils retournent le fruit à tiers ou à quart, afin que successivement chaque partie soit frappée des rayons du soleil. On compte pour l’ordinaire quarante jours depuis celui où le fruit a noué jusqu’à celui de sa maturité. La thuile, &c. empêche que l’humidité de la couche ou de la terre ne se communique au fruit, qui absorbe cette humidité autant que les feuilles absorbent celle de l’atmosphère. Si le fruit est couvert par des feuilles, on ne doit pas les supprimer, mais les tirer de côté, afin que rien n’empêche l’action directe du soleil sur le melon.

Les maraîchers, pour éviter les embarras & les soins continuels à donner aux couches pendant les mois de janvier & de février, ne commencent à semer leurs melons qu’à la fin de février ou de mars ; la récolte en est retardée de trois semaines ou d’un mois tout au plus.

La conduite d’une melonnière exige donc beaucoup de soins, une vigilance continuelle, &c. ; mais je demande si le fumier de litière étoit, à Paris & dans ses environs, aussi rare & aussi cher que dans nos provinces éloignées, que deviendroient la théorie & la pratique de cette culture, qui ont pour bâse la multiplicité des fumiers, tandis que dans les provinces, sortant de dessous les pieds des chevaux, il coûte jusqu’à trois liv. le tombereau ? la même quantité d’engrais, répandue sur un champ à bled, ne rendroit-elle pas au propriétaire du champ beaucoup plus numériquement en bled qu’en melons ? Il n’y a pas le plus petit doute à ce sujet cependant je ne désapprouve point la destination de cet engrais dans les environs de la capitale & des grandes villes des provinces du nord, puisque la vente des melons prouve annuellement que le cultivateur y trouve un bénéfice réel ; je dirois même plus, il prouve que si, généralement parlant, les melons des environs de Paris ne sont pas tous excellens, ils sont au moins à-peu près presque tous passables ; au lieu que dans les provinces où la culture est simple, si la saison est pluvieuse, si l’intensité de chaleur n’est pas soutenue, les melons sont en général tous mauvais. Il est donc naturel que chaque pays cultive suivant une méthode proportionnée à ses facultés & à ses ressources, & l’on ne doit point blâmer la culture de ses voisins, ou celle des provinces éloignées.


Melon d’eau ou Pastèque. Pastèque à confire. (Voyez le mot Citrouille) Dans cet article ces deux plantes sont décrites, ainsi que la manière de les cultiver.


MELONGÈNE. (Voyez Aubergine)


MÉMARCHURE. (Voyez Entorse)


MENIANTE ou TRÈFLE D’EAU, (Voyez Planche XII, page 471)