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telle autre, cet arbre n’est dans ces provinces, qu’un simple arbre d’agrément, un simple arbre fruitier.

CHAPITRE VIII.

Des propriétés du noyer.

I. Propriétés médicinales. L’huile de noix tirée sans feu, peut être employée dans tous les cas où celle d’olive est d’usage. Le cerneau est indigeste ainsi que les noix fraîches ; mangez-en une grande quantité, ils fatiguent la poitrine. La noix sèche provoque la toux, les feuilles froissées & récentes, ou leur suc, détergent les ulcères rebelles, sanieux, vermineux & peu douloureux. L’eau dans laquelle on a mis infuser pendant plusieurs jours quelques feuilles, donnée à la dose de deux verres par jour, a souvent produit de très-bons effets dans les affections scrophuleuses.

Le brou a un goût acerbe, amer & un peu âcre ; il est vomitif & son suc astringent. Les chatons sont un peu émétiques & sudorifiques ; le suc de la racine fraîche est diurétique, & même un violent purgatif.

Avec des noix encore vertes & tendres, on prépare une confiture qui est stomachique.

II. Propriétés économiques. Lorsque l’on veut passer en couleur les carreaux d’un appartement, on fait bouillir dans un chaudron, & réduire en pâte, les brous de noix, & on n’y ajoute que la quantité d’eau suffisante pour que le fond du chaudron ne brûle pas. Alors, le tout se réduit en pâte dont on recouvre tous les carreaux. On laisse sécher, on balaye, on cire & on frotte.

Les menuisiers, charpentiers, &c., ont chez eux en réserve un vase rempli de brou qui trempe dans l’eau, & ils se servent de cette eau pour donner aux bois blancs une couleur de noyer.

Les teinturiers employent la racine & le brou, & leur teinture est très solide.

L’extrait du brou mêlé avec un peu d’alun, sert aux dessinateurs pour laver leurs plans.

L’huile de noix est la meilleure que l’on puisse employer en peinture. Pour l’avoir plus belle, on la met dans des vases de plomb, de forme aplatie, & on l’expose ainsi au soleil. Si, lorsqu’elle y a pris la consistance d’un sirop épais, on la dissout en y ajoutant de l’essence de térébenthine, il en résulte un vernis gras propre aux ouvrages de menuiserie. Elle reçoit dans cet état les couleurs qu’on veut lui donner, telles que la céruse, le minium, &c.

L’eau ou le ratafiat de noix est assez employé dans les campagnes, comme stomachique. Prenez douze noix vertes avec leur brou, jetez-les dans une pinte de bonne eau-de-vie, après les avoir un peu concassées ; trois semaines après, décantez la liqueur, & ajoutez-y du sucre.


NOIX DE GALLES. On nomme ainsi des excroissances qui se forment sur les feuilles, les pétioles & même sur les calices des fleurs de quelques espèces de chênes. Elles sont occasionnées par les piqûres d’un insecte ailé. Leur principal usage est pour les teintures ; mais celles que l’on récolte en différens pays, ne sont pas également propres à tous les emplois auxquels on les destine.