Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1786, tome 7.djvu/153

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est ordinairement sans danger. Un bon régime de vie, des alimens doux & de facile digestion, joints à un exercice modéré, sont plus que suffisans pour le dissiper.

Pour guérir l’œdème, il faut avoir en vue 1°. l’évacuation de la sérosité qui abonde dans le sang. 2°. Combattre les causes qui favorisent la stagnation de la lymphe, & qui s’opposent à son retour. 3°. Enfin, fortifier la partie œdématiée, accélérer l’expression de la lymphe stagnante, & empêcher qu’il n’y en croupisse de nouvelle.

On a guéri des œdèmes, en faisant saigner des malades fort pléthoriques, parce que l’enflure avoit pour cause la difficulté de la circulation du sang, occasionnée par la plénitude excessive des vaisseaux. 1°. On pourra obtenir l’évacuation de la sérosité qui abonde dans le sang, en donnant aux malades le suc des plantes diurétiques, combiné avec le nitre, le sel de glaubert & la terre foliée de tartre, ou des bouillons frais composés avec les racines d’asperges, de petit houx & de câprier, & quelques stomachiques, tels que la racine d’enula campana, & la serpentaire de Virginie. Mais un remède que j’ai vu constamment réussir, est la décoction d’une drachme de pareira brava dans une chopine de vin, qu’on donne au malade en trois prises dans la journée ; une combinaison de nitre, de suc de cerfeuil dépuré, mêlé au suc de vingt à trente cloportes, est aussi un excellent remède dont on ne doit pas négliger l’emploi.

Les purgatifs hydrologues sont, à proprement parler, les remèdes les plus propres à combattre avec quelques succès l’œdème, sur-tout si, à une abondance de sérosité, il se trouve joint un embarras putride. Le jalap, la gomme gutte, le turbith gommeux, la carbonée, le diagrède sont préférables aux purgatifs doux qui ne produiroient, à coup sur, aucun bon effet ; & pour en tirer un plus grand avantage, il faut les faire infuser dans l’eau de vie, ou dans du vin blanc bien clair. Pour l’ordinaire on y ajoute quelques grains d’iris de Florence ; on en donne une, deux & même trois cuillerées par jour : on peut en donner une dose plus forte aux personnes robustes ; mais ces remèdes ne conviennent que dans l’œdème sans fièvre, & à des constitutions très-fortes. Le célèbre Astruc a souvent obtenu les plus heureux effets de dix à quinze grains de gomme-gutte pilée dans un mortier de marbre, avec le double de cristal minéral, & délayée dans un bouillon gras qu’on fait prendre le matin à jeun.

Pour fortifier les ressorts de la partie affectée, & la mettre à même de s’opposer à la stagnation de la lymphe, il faut souvent frotter la partie affectée avec la décoction vineuse du thim, du romarin, de la sauge & des fleurs du sureau.

On la lavera tous les matins, au moment du lever, avec de l’urine chaude dans laquelle on aura fait dissoudre du sel ammoniac. L’eau végéto-minérale de Goulard, seule, ou coupée avec parties égales d’eau de sureau, l’eau des carmes, l’eau-de-vie camphrée, l’eau vulnéraire, sont autant de résolutifs dont l’application ne peut être que très-avantageuse.

Astruc dit qu’en même temps il faut résoudre & dissiper les engorgemens des glandes lymphatiques par des apéritifs simples, comme les martiaux, par des fondans plus forts,